Après le travail, Yukari avait rejoint l’endroit où elle devait prendre le bus qui la mènera au camp d’entraînement. Alors qu’elle rejoignait ses collègues agents, elle gardait un visage assez fermé, n’esquissant aucun sourire pour l’instant. Elle n’aimait pas cette situation, ce vent de criminalité qui soufflait sur l’île calme la stressait plus que de raison et avec cet entraînement mis en place, elle s’attendait au pire. Un soupir quitta ses lèvres tandis qu’elle essayait de s’approcher d’un de ses collègues mais elle n’eut pas le temps de les atteindre. Le bus arrivait déjà. Elle monta à l’intérieur, et ferma les yeux une fois assise. Ce travail au casino était plus fatiguant que ce qu’elle pensait, elle avait besoin de reprendre des forces pour ne pas être un poids pour ses coéquipiers.
Le trajet se passa plutôt rapidement, et une fois à destination Yukari partit se changer pour revêtir un uniforme militaire. C’était vraiment étrange comme situation, elle se rendait compte qu’être AOA n’était pas de tout repos. Certes, elle l’avait déjà compris avec Jae Sun, son premier vrai gros dossier mais en voyant ses autres dossiers, elle pensait que c’était un cas à part.

Elle s’était trompée et pas qu'un peu.

Très vite, elle rejoignit de ses collègues : Cho Alexander et Jeon Clyde. Même si elle n’avait jamais travaillé avec ce premier, elle sentait que c’était un bon agent, son instinct de la trompait pas. Quant au second, elle travaillait souvent avec lui et connaissait ses capacités. Elle espérait qu’il y aurait une bonne cohésion entre eux.
Sans rien dire, elle resta avec eux alors que l’instructeur leur donner les instructions. Retrouver un criminel, hein ? Cela lui rappelait fortement le cas de Fubuki.

« Je pense qu’on devrait d’abord fouiller dans les hauteurs du bâtiment. S’il a l’habitude de fuir, il sait qu’on le cherchera d’abord dans tout ce qui est cave et sous-sol surtout quand on voit l’état de l’étage… J’ai aussi l’impression qu’il y a pas mal de planques en haut. Vous en pensez quoi ? »

Son ton était posé, son regard alternait entre ses collègues et le bâtiment alors qu’elle parlait. Elle attendait désormais leurs réponses tout en sentant qu’elle les mettait sur la bonne piste. Elle en était certaine, le criminel était quelque part là-haut.

Quel ennui. Mais quel ennui. Qu’est-ce que tu n’aurais pas fait pour éviter de te faire embarquer là-dedans. Mais t’avais pas eu le choix, c’était obligatoire pour toi de passer par cette case-là, surtout si tu souhaitais garder cette image de l’agent exemplaire. Malgré tout ça, tu n’arrivais pas à te faire à l’idée que tu allais devoir suivre cette formation auprès de tous ces autres AOA tous plus idiots les uns que les autres. Tu étais vraiment mal barré, et ça t’exaspérait au plus haut point. Tu avais été le premier à monter dans ce bus qui vous avait été assigné, et tu t’étais installé au fond, avant de te plonger dans la lecture de ton manuel de chimie, sans plus jamais relever le regard de tout le trajet. Ce n’est qu’en sortant du véhicule, une fois arrivé, que tu remarquas plusieurs têtes que tu connaissais. Certaines de noms, d’autres que tu avais déjà fréquentées par le passé, puis tu avais aussi reconnu parmi toutes celles-ci, celle du seul membre de ta famille que tu arrivais – bien que dans ta façon d’agir, tout était relatif – à supporter.

Le groupe se sépara. On te demanda d’enfiler un uniforme, ce que tu fis sans poser de question, sans même penser au fait que ce dernier puisse ou non t’aller, esthétiquement parlant, car la taille avait été choisie avec précaution pour chacun. Tu avais laissé ton sac, et ton livre, dans la pièce où vous vous étiez changé, dans le casier qui t’avait été attribué, et t’étais dirigé vers ton propre groupe, vers tes deux camarades du jour. (Ou du moins, de la nuit.)

Yukari et Clyde.

Aucune réaction.

Tu t’en fichais. Cela aurait pu être deux inconnus que cela n’aurait absolument rien changé au fait que l’envie d’être ici, à ce moment-là, était loin d’être présente. Tu t’étais rapproché de la jeune femme, ton cousin à tes côtés, et tu jetas un coup d’œil autour de vous, histoire de repérer un peu l’environnement dans lequel vous vous trouviez actuellement, et tu reposas ton regard sur Clyde qui avait pris la parole, après que l’instructeur soit parti, vous laissant seuls face au bâtiment. Tu regardas ensuite Yukari, tandis qu’ils vous présentaient l’un à l’autre, et tu lâchas un inaudible : « Je la connais déjà. » ne voulant, dans le fond, pas blesser ton cousin qui avait fait l’effort de vous présenter. Mais bon, ce n’était pas de sa faute s’il était aussi ignorant de tes … « relations ».

La seule représentante féminine du groupe avait pris la parole pour vous conseiller de chercher au niveau des étages, et pour une fois, tu n’étais pas contre non plus. Cela dit, rien d’extraordinaire ne sortait de sa remarque : qui n’aurait pas pensé à cela. Même un enfant aurait pu faire une telle constatation. Les mains dans les poches, tu observais Clyde qui avait repris la parole. Un léger, très léger, sourire courba tes lèvres. Il y en avait au moins un qui était heureux d’être ici, et qui allait prendre son pied à résoudre cet exercice. Tu le suivis, sans regarder derrière toi, et passa le pas de la porte de l’édifice, grimpant à la suite de l’écossais. Tu avançais en éclairant ton chemin de la lampe de poche qui vous avait été donnée, jusqu’au moment où un bruit de pas, qui était loin d’être l’un des vôtres, résonna dans le couloir. « Vous avez entendu ?» Et même si ce n’avait pas été le cas, tant pis pour eux. Tu étais sûr de ton audition, et tu étais donc certains que le criminel que vous recherchiez était en train de se balader entre votre étage actuel, et ceux situés au-dessus de vos têtes. Tu te mis à chuchoter. « Il se déplace, on ne devrait pas rester en arrêt aussi longtemps, continuons d’avancer. Il n’est pas si loin que ça. »

Goujat. Ça devait être le premier mot qui lui venait à l’esprit quand on lui parlait de cet agent, Cho Alexander. Yukari avait trouvé Clyde adorable à les présenter l’un à l’autre, il n’était pas censé savoir qu’ils se connaissaient, ni même savoir quelle relation ils avaient. Elle-même découvrait qu’ils étaient cousins, alors elle avait trouvé cette remarque légèrement déplacée et espérait que le jeune garçon n’ait rien entendu. Au vu de l’enthousiasme dont il faisait preuve, la remarque avait été assez inaudible pour qu’elle soit la seule à l’avoir entendue. Très vite, le groupe partit dans les hauteurs du bâtiment à la recherche de l’individu qu’il traquait. Plus sérieuse que jamais, la jeune femme fit en sorte de ne faire aucun bruit alors qu’ils montaient les marches pour arriver à un étage. Elle s’était tout de suite mise à la tête de la marche, ne sortant pas sa lampe torche. Une c’était largement assez et trois ça serait bien trop, l’individu les verrait arriver de très loin. Lorsqu’Alexander prit la parole, Yukari s’arrêta instinctivement avant de tendre l’oreille. L’individu devait être dans le coin. Elle se tourna vers ses coéquipiers pour leur parler mais elle n’eut pas le temps puisque l’étudiant reprit la parole pour leur conseiller d’avancer.

« On dirait qu’il est à l’étage juste au-dessus, je pense qu’il faudrait qu’on élabore une stratégie pour savoir comment on va le coincer… On en reparle là-haut, chuchota-t-elle avant de se tourner. »

Yukari n’avait pas forcément l’instinct d’une meneuse mais elle était celle qui avait peut-être le plus d’ancienneté dans la fonction et elle ne voulait pas non plus rester sans rien faire. Dans l’esprit des hommes, souvent les femmes avaient peu de capacités et devaient rester à l’écart. Elle ne voulait pas qu’une telle situation arrive, surtout pas au camp d’entraînement. Elle continua de grimper jusqu’au palier suivant, attendant ses coéquipiers près de la porte.

« Je propose que selon la disposition des pièces, on évite au maximum de s’éclairer avec la lampe. La sortir simplement s’il n’y a pas la lumière de la lune pour éclairer la pièce. Ensuite pour l’attraper… Je pense qu’on pourrait faire confiance à nos capacités, non ? »

La jeune femme attendait une réponse des cousins pour ouvrir la porte. Elle espérait sincèrement qu’elle ne se trompait pas en les amenant à cette étage.

Tu en avais déjà marre. Tu ne savais absolument pas pourquoi tu étais ici, et trouvais d’ailleurs cette « activité » aussi idiote qu’inutile. En quoi est-ce que cela vous aiderait à être plus efficace sur le terrain, tout ça ? De toute façon, aucun problème n’était encore arrivé, et les seuls petites histoires, dont on pouvait possiblement entendre parler, étaient réglés dans l’ombre par le maire. Le cas de Young Min était un parfait exemple ; personne n’avait rien vu. De plus, il y avait dans les rangs des Agents de l’île bon nombre de personne qui méritait beaucoup plus que toi d’être ici, à ta place. D’après toi, tu n’avais rien à faire ici, c’était plus une perte de temps qu’autre chose. Mais tu ne pouvais pas dire non, et contredire les ordres, malheureusement. Si tu voulais te faire encore, et toujours, bien voir par tes supérieurs en tant qu’agent compétent et efficace, tu allais devoir t’y coller.
Passé derrière ton cousin, qui lui était surement content de participer à cet événement spécial, tu étais entré dans l’ancienne bâtisse, ta lampe troche en main. Vous montâtes presque directement au premier étage, mais à peine arrivé à ce niveau, un bruit se fit entendre au-dessus de vos têtes. Tu le fis remarquer à tes collègues, avant que Yukari ne propose d’en reparler une fois le second étage atteint. Vous n’aviez plus rien à faire ici, il était clair comme de l’eau de roche que toute l’action de la chose se passerait à un étage encore supérieur. Alors, silencieux, tu l’avais suivi, Clyde à ta suite. Tu restas silencieux, hochant simplement la tête en la fixant pour lui faire comprendre que tu étais d’accord avec ses dires. Pour une fois. Seulement, lorsque tu tentas d’ouvrir la porte, celle-ci se trouvait être verrouillée. « Génial. » C’était sorti tout seul, d'un ton qui se faisait encore plus ironique que d’habitude. Tu ne pris même pas la peine de dire que c’était fermé, que Clyde avait déjà fait demi-tour vers un autre passage. Si cette porte était fermée, cela ne devait surement pas être la seule. Remarquant que Clyde était parti vérifier la porte des escaliers du fond du couloir, tu t’étais arrêté à ceux du milieu. Un regard jeté derrière toi, tu fixas la seule femme, toujours derrière toi. Tu ne dis rien de plus, et tenta d’ouvrir la porte du 3ème étage, avec délicatesse. Mais ce n’était pas la bonne, elle était encore fermée. Tu jetas de nouveau un regard à Yukari, lui faisant signe que cette porte aussi, était verrouillée, et lui faisant comprendre qu’il fallait de nouveau faire demi-tour.

Cette traque semblait être plus compliquée que prévu finalement. Si, au début, ils avaient réussi à suivre la bonne piste, ils commençaient à se dissiper. En effet, ils ne trouvaient pas d’où pouvait venir le bruit puisque les portes de l’étage étaient toutes les deux fermées. Se mordant légèrement la lèvre inférieure et les bras croisés sous la poitrine, elle réfléchit. Son instinct lui disait de ne pas faire demi-tour, qu’il y avait certainement une solution à laquelle ils n’avaient pas pensé. Elle laissa son regard se poser sur l’escalier qu’ils avaient pris précédemment, escalier que Clyde avait réemprunté sans les attendre pour trouver autre chose. Il n’était plus visible pour le moment, s’il trouvait un indice et qu’ils n’étaient pas là, il pouvait toujours les retrouver ou trouver un moyen de communiquer avec eux. Après s’être persuadée que les escaliers n’étaient pas une bonne idée, elle laissa son regard se lever pour regarder le plafond où il y avait un trou… Et là elle eut une idée.

« Xander, regarde, dit-elle en pointant le fameux trou. Il doit certainement y avoir d’autre trou vu l’état de la bâtisse et s’il y en a des assez gros, c’est possible qu’une clé soit caché. Je sais que ça peut paraître absurde mais on trouvera peut-être la clé qui nous mènera au criminel ? C’est peut-être même ça, le bruit que tu as entendu tout à l’heure. La clé qui atterrit au sol. »

Après, est-ce que le criminel était assez idiot pour jeter la clé et s’enfermer seul, ça ils allaient le découvrir. Sur cette idée, Yukari avant sur le palier et vit une trappe qu’elle tira afin de grimper et, bingo, il y avait bien une clé. Prudemment, elle la récupéra et descendit. Elle leva la clé comme un trophée

« Maintenant, on n’a plus qu’à trouver la porte qu’elle ouvre et remercier ce criminel d’être aussi… Simple d’esprit. »

Elle était contente d’avoir réussi à récupérer cette clé… Peut-être que, maintenant, ils allaient pouvoir attraper la personne qu’ils cherchaient ?

Tu ne pouvais cependant nier qu’elle avait bien trouvé. Surement ce que les gens pouvaient appeler « instinct féminin », rien de quoi être vraiment très fière, cela dit. Ils auraient bien fini par trouver un moyen d’entrer, avec ou sans clé. « Bravo. » Parce qu’il fallait quand même la féliciter pour sa trouvaille. Après tout, tu ne voulais pas te coltiner une Yukari grincheuse ou boudeuse avec toi parce que tu n’avais pas daigné reconnaitre son « travail » à sa juste valeur. Tu tendis le bras pour qu’elle te donne la clé, lui demandant gentiment de te la passer. « On peut d’abord vérifier la plus proche, et vérifier les autres après. » La clé en main, tu étais retourné devant la porte précédemment bloquée, et y avait inséré l’objet métallique dans la serrure. Au moins, elle rentrait parfaitement. Mais ce n’était qu’une première étape de franchie, allait-elle réussir à tourner et déverrouiller cette fichue porte ? Un premier tour. Un deuxième tour. Et un clic se fit entendre, la porte était désormais ouverte. Tu fis un signe de tête en direction de ta collègue afin de lui annoncer la réussite de ce test. Désormais, il ne vous restait plus qu’à passer discrètement le pas de la porte, et continuer vos recherches. Clyde vous retrouvera forcément plus tard, il n’était pas question de perdre du temps à le chercher partout. Vous aviez déjà du retard à rattraper.

Tu avais beau être plus ou moins gentleman en temps normal, il n’était pas question de laisser une femme passer dans ce genre de situation. Vous ne saviez même pas si votre ennemi était armé. Aucun détail ne vous avait été donné là-dessus. Alors oui, tu entras le premier, la jeune femme à ta suite. Tu montas les escaliers, jusqu’au troisième étage. Avant d’ouvrir la porte, une fois en haut des escaliers, tu pris soin de regarder au travers de la serrure. Bingo. Une ombre à forme humaine était présente, et l’étage n’était composé que d’une grande salle : il n’y avait aucune autre issue possible. Tu éteignis ta lampe torche, redescendant de quelques marches pour te rapprocher de Yukari. Près d’elle, tu murmuras à son oreille, lui faisait prendre connaissance de la position toute proche du criminel à attraper, qu’il ne pourrait de toute façon pas s’échapper, et qu’il était pris au piège. Ayant pris soin de récupérer la précédente clé, tu te doutais qu’elle devait forcément ouvrir cette porte aussi. En silence, et le plus délicatement possible, tu débloquas la serrure. Tu ne savais absolument pas comment la suite se passerait, si la personne se rendra automatiquement, ou s’il fallait aller jusqu’à la mettre hors d’état de nuire. Dans tous les cas, s’il le fallait, tu étais un pro de la clé de bras, et avait déjà eu l’occasion d’apprendre quelques sports de combat. Certes, tu n’excellais pas non plus en la matière, mais tu savais parfaitement de défendre. Yukari devait surement avoir des bases elle aussi, vous n’étiez pas manque de moyen. Tu annonças à la jeune femme votre entrée, et tout fut ensuite très rapide.