Le bon chien-chien à sa maman

Tenue • Hae Ri avait besoin de se vider l’esprit, de courir un peu. Alors, elle avait décidé de profiter de son dimanche pour enfiler des vêtements de sport et sortir. Il n’y a pas si longtemps que ça, elle a passé la journée avec sa petite amie, Ah Yeon. Mais elle n’arrive pas à faire taire ses pensées, ses doutes. Elle a peur du regard des autres sur son couple, elle a peur de ne pas être une bonne professeure, elle a peur de son avenir et, surtout, elle a peur de se souvenir d’une nouvelle chose, de découvrir encore plus d’horreurs. Le dernier datait de janvier et, depuis… C’était calme. Mais elle savait qu’il ne fallait pas baisser sa garde. Elle avait jusque-là eu de la chance, aucun n’était arrivé durant un cours ou dans une situation difficile. Elle s’en était toujours bien sortie. Hae Ri soupira et prit la direction du parc Sakura, sa foulée légère et régulière. Elle ne courait pas souvent mais, ces derniers temps, elle aimait bien ça, jusqu’à en ressentir le besoin. Peut-être devrait-elle en faire un rituel, aller courir une ou deux fois par semaine. Peut-être que ça lui ferait du bien. Peut-être qu’elle pourrait faire ça avec Ah Yeon, ça créerait une sorte de rituel, ça leur permettrait de se voir de temps en temps. De manière régulière, histoire qu’elles ne se perdent pas de vue. Le parc se dessina, devant elle et Hae Ri ralentit le pas pour traverser la rue et entra enfin dans le parc. Il y avait pas mal de personnes mais surtout des familles. La jeune femme passa près d’un groupe de jeunes filles discutant, sauf une, un peu à l’écart, en train de lire. Et elle se souvint. Elle se souvint de sa douleur, après le viol, de son silence. Elle se souvint des autres desquels elle s’éloigne, elle ne parle plus à personne, elle a mal. Mais elle lit. Comme avec son frère, quand ils étaient petits. Elle lit, et lit, et lit… Mais rien n’efface sa douleur. Hae Ri trébuche mais évite de tomber de justesse et s’arrête de courir, le cœur battant. Elle garde les yeux grands ouverts, de peur de voir de nouvelles images, de voir les souvenirs lui revenir. Elle se penche en avant, pose ses mains sur ses genoux et s’efforce de respirer calmement. Elle compte ses inspirations et expirations. Neuf et elle ira mieux. A la septième, un petit chien blanc arrive devant elle et se met à aboyer avec enthousiasme. Et Hae Ri cesse de compter, s’accroupit et caresse le chien qui saute sur ses genoux en remuant la queue. Elle sourit et lui gratte la tête « Coucou, toi, comment tu t’appelles ? » Une ombre s’arrête sur elle et la jeune professeure lève la tête, croisant le regard d’une belle jeune femme. « C’est votre chien ? Il est magnifique et son poil est super doux ! » Le chien aboie à nouveau pour attirer son attention et elle rit, lui grattant à nouveau la tête.

Le bon chien-chien à sa maman

Illustration de la procrastination • Mina était étendue sur son canapé, incapable de bouger. Le téléviseur diffusait timidement quelques bruits appartenant à une série quelconque que la brune ne regardait même pas. La main de Mina chercha sa bouteille d’eau sur la table basse quand sa main rencontra le doux pelage de son chien. Macaron était toujours aussi en forme. Incapable de résister, sa maitresse se mit à papouiller son meilleur ami avant de trouver sa laisse tenu fermement dans la gueule de l’animal.

‘‘- Tu veux sortir, c’est ça ?’’

Mina eut un long soupir. Il allait falloir bouger. Cela allait être difficile. Seulement cet effort presque inhumain était pour son adorable Macaron. Elle pouvait bien faire ça pour lui.

Une vingtaine de soupir plus tard, Mina sortait de chez elle en jurant silencieusement le soleil de plomb s'abattant sur l’île alors qu’il ne faisait en réalité pas si chaud qu’elle ne le pensait. La brune refusait pourtant de le reconnaître. Elle et son fidèle ami canidé prirent la direction du parc Sakura où ils avaient l’habitude de passer de longues promenades. Tout se passait bien, dans le meilleur des mondes avant que les deux compères rencontrèrent un obstacle. Ce dit obstacle avait la forme d’une joggeuse reprenant son souffle, la tête baissée. Macaron, cet être altruiste et humaniste, se décida à aller à sa rencontre entrainant avec lui sa maitresse n’ayant rien voulu avoir dans cette histoire. La joggeuse voyant la boule de poil se décida à s’accroupir auprès de lui avant de faire courir ses doigts dans sa fourrure blanche immaculée. Mina se plaça derrière son chien, légèrement en retrait. Cela n’empêcha pas la joggeuse de trouver son regard au moment de lui adresser quelques mots au sujet de Macaron.

‘‘ - Cette adorable boule de poil se prénomme Macaron, il aura 6 ans en juillet.’’

Le temps était passé vite depuis que la boule de poil avait rejoint le foyer Tanaka, beaucoup de joies et beaucoup de drames malheureusement. Aujourd’hui, il était le seul à rester au côté de Mina. Sa valeur était incalculable pour la brune.

‘‘ - J’utilise que la crème de la crème de mon chien. Mais ses derniers temps j’utilise le shampoing pour chien de la boutique de Kona, Rookie&Siko. Macaron l’aime beaucoup.’’

Mina utilisait le meilleur pour elle, il était naturel que son chien, le joyaux le plus précieux du monde est le même traitement.

‘‘- Vous avez une boule de poil chez vous ? Vous avez l’air de vous y connaître …’’

Quand la joggeuse avait vu Macaron arriver sur elle, elle avait compris naturellement qu’elle devait se baisser pour entreprendre de caresser la boule de poil. Pour beaucoup ce n’était qu’un détail, mais cela signifiait beaucoup pour Macaron et donc pour Mina. Cela signifiait que cette inconnue joggeuse du dimanche ne souhaitait pas être saluer par son chien comme étant un être humain supérieur à la cause canidé, mais comme un ami voulant jouer avec lui et faire connaissance comme son égal. L’éducation canine était un sujet vaste. Mina n’oubliait pas que par leurs relations de maitres et de chiens, l’être humain devait se montrer le dominant pour ne pas se retrouver submerger par le canidé. Cependant, beaucoup trop de personnes considérés le fait qu’un chien accepte une caresse d’un inconnu comme naturel. Cet acte anodin venant d’un être dont le chien avait l’habitude de craindre pouvait être perçu comme une obligation et un supplice. En s’abaissant légèrement, le régime de dominance était transformé en un rapport de presque égalité rappelant à l’animal qu’il était libre de partir rejoindre son maitre et de refuser la caresse. Ce mécanisme était complexe, et été beaucoup trop ignoré au goût de Mina. Macaron avait toujours été un chien poli et beaucoup trop gentil pour refuser une caresse. Au fil de leur ballades, Mina s’était rendu compte que ses actes d’affections pouvait être déplaisant pour son trésor mais ce dernier ne souhaitait rien transparaitre. C’est à ce moment précis qu’elle se rendit compte de l’aspect obligatoire d’une caresse. Pourtant en voyant l'inconnue devant elle, il ne semblait plus qu’elle soit la seule à l’avoir remarque ce détail.

‘‘- Enchanté, je suis Mina.’’

Sur cette dernière phrase, la fille du maire tendit sa main prêt à saluer son interlocutrice.

Le bon chien-chien à sa maman

Tenue • Hae Ri ne pensait pas que sa journée prendrait une telle tournure. Pourtant, alors que les souvenirs qui lui étaient revenus tournaient encore sous son crâne, alors qu’elle reprenait son souffle… Une boule de poils est apparue devant elle. Des études scientifiques ne cessaient de dire que les animaux de compagnie pouvaient apaiser, calmer, entre autres. Et, à cet instant, alors qu’un sourire illuminait le visage de la jeune femme, elle avait la vague impression que c’était vrai. La maîtresse du chien ne semblait pas hostile au fait qu’une inconnue caresse son chien. « Macaron ? C’est tellement mignon ! Et il m’a l’air en pleine forme, ce magnifique chien, malgré son âge ! » Elle n’y connaissait pas grand-chose en chiens mais elle savait qu’à partir de cinq ans, ils devenaient plutôt âgé et les maladies étaient plus fréquentes. Lino et Simba se faisaient un peu vieux, eux aussi… Que deviendrait-elle, si jamais il leur arrivait quelque chose… ? Elle préférait ne pas y penser, pour l’instant. « Ah, je connais la vendeuse de cette boutique ! Elle vend des supers produits mais je ne savais pas qu’elle en faisait pour les animaux… Je n’en ai besoin que pour moi, je me vois mal me shampooigner avec un shampooing pour chien ! » Elle se souvenait à la perfection de sa rencontre avec la jeune fille, ses mensonges, son inquiétude pour elle. Hae Ri ne put retenir un sourire, cela faisait longtemps qu’elle n’était pas allée la voir, elle irait peut-être y faire un petit tour avant de rentrer, aujourd’hui. Hae Ri fourra ses mains dans ses poches mais répondit, souriant toujours, à la jeune femme : « Je n’ai pas de chien mais j’ai deux chats : une femelle Lino qui a presque sept ans et un mâle nommé Simba qui a eu six ans il n’y a pas longtemps. Ils sont toute ma vie j’ai adopté Lino quand je suis arrivée ici et Simba… Il s’est invité tout seul un hiver, et il n’est plus reparti… Tenez, j’ai des photos ! » Et, ne résistant pas à la tentation, la jeune professeure sortit son portable de sa poche et alluma l’écran, montrant à la jeune femme la photo qu’elle avait comme écran de verrouillage : Lino et Simba, enroulés l’un autour de l’autre, dormant à poings fermés. « Simba est le tigré, Lino est la grise. Ils sont mignons, non ? » S’accroupissant à nouveau, Hae Ri tendit sa main à Macaron, attendant qu’il la pousse de sa tête pour le gratter entre les oreilles. Ainsi, elle était sûre qu’il voulait ses caresses. « Et, dis-moi, est-ce que tu aimes les chats, toi ? Moi j’adore les chiens et tous les animaux de compagnie, en fait ! » Elle se souvint alors des formules de politesse lorsque la jeune femme – Mina – lui tendit sa main en se présentant : « Ah, désolée, j’en oublie mes manières ! Je m’appelle Kim Hae Ri, professeure de littérature au lycée de Kyul et joggeuse amatrice ! » Elle serra la main de Mina puis s’accroupit à nouveau : « Et je suis officiellement enchanté de te rencontrer, Macaron. »

Le bon chien-chien à sa maman

Illustration de la procrastination • Macaron frétilla  de la queue, heureux de faire la rencontre d’une future amie. Mina ne pouvait qu’avoir un sourire en voyant ce spectacle.

‘‘- Il se fait un plus vieux, dort un peu plus tôt mais il est toujours aussi parfait.’’

Dans ce monde vicieux, Macaron avait été la seule bouée ayant retenu Mina au monde. Maintenant, elle commençait à aller mieux et avait pris sur elle pour faire le bilan de ses aventures. Elle en avait fait un bonhomme de chemin. Elle avait quitté définitivement l’alcool, avait fait le deuil de sa mère et s’était décidé à s’ouvrir quelque peu plus aux autres. Mais le fais qu’il est été là, le fait d’avoir eu sa boule de poil sécher ses silencieuses larmes d’un coup de langues, elle ne l'oublierait jamais. En entendant son interlocutrice parler de se laver sa chevelure avec un shampoing pour chien, Mina eut un rire. Elle lui montra également les photos de ses deux boules de poil sur son téléphone. Brune ne put retenir une exclamation. Ils était si, siii mignon. Elle se baissa une nouvelle fois pour caresser Macaron qui se laissa faire bien trop heureux de recevoir une caresse.

‘‘- Il aime bien les chats, il les aime justement un peu trop. Il a tendance à vouloir jouer avec eux sans comprendre qu’ils ne veulent pas forcément la même chose.’’

Un soir, Mina était rentrée du lycée pour voir son chien courser les chats des voisins, voulant jouer avec eux. Elle avait été obligé de le poursuivre de peur que les chats décident de se venger et de l’attaquer. Heureusement, plus de peur que de mal, mais la voisine avait chercher pendant quelques jours ses chats.

‘‘- J’aimerais qu’il apprenne à être plus calme en leur présence. Seulement je ne vais pas adopter des chats pour leur faire subir cela. Je n’ai pas non plus de connaissance ayant de chats ...’’

Mina eut un long regard pour son chien, frétillant toujours de la queue.

‘‘- Je ne sais plus comment régler ce problème de comportement.’’

Il faudrait pourtant qu’il soit simplement en contact avec des chats. En voyant leur réaction, il ne prendra pas longtemps à comprendre qu’il faut qu’il les laisse tranquille. Seulement les propriétaires de ses derniers prennent toujours peur en voyant Macaron. Mina eu un long souffle.

Le bon chien-chien à sa maman

Tenue • Hae Ri était contente d’elle, elle avait rencontré quelqu’un de nouveau, elle se faisait une nouvelle amie, elle le sentait. Et elle faisait des câlins à un chien, sa journée ne pouvait que bien continuer. Elle en avait oublié ce souvenir revenu, ces images qui, d’habitude, la hanteraient. Elle ne pensait plus qu’à Macaron, Lino, Simba et Mina. « Ils le sont toujours, parfaits ! Même lorsqu’ils ont fait une bêtise, ils ont une adorable petite tête d’ange. » Et elle savait de quoi elle parlait. Les chats de la professeure étaient certes plutôt sages, il n’empêchait qu’ils faisaient encore parfois quelques bêtises. Hae Ri aimait vraiment beaucoup ses chats et n’hésitait pas une seule seconde à le montrer, présentant ainsi ses bébés à sa potentielle nouvelle amie, lui montrant une photo d’eux avant de ranger son portable pour caresser Macaron, un sourire aux lèvres. « Lino est encore très joueuse, elle adore courir après les chiens, Simba est plus fainéant mais reste malgré tout un tueur de mouches imbattable ! » Hae Ri se redressa en entendant ce que disait la jeune femme, son sourire disparaissant légèrement, pour laisser place à un visage plutôt concentré. Est-ce qu’elle comprenait bien ce qu’elle comprenait… ? Elle avait l’impression que la jeune femme voulait présenter son chien aux chats de la jeune professeure. Et, quelque part, elle espérait que c’était bien ça. Elle avait envie de se faire de nouveaux amis, d’étendre son cercle. Peut-être n’était-ce pas un bon moment, alors que son passé était de plus en plus chamboulé, mais Hae Ri avait besoin de se sentir entourée, de garder un semblant de stabilité, autour d’elle. Et, elle n’avait que Ah Yeon, pour l’instant. Et ses chats, bien entendu. Alors elle essayait de rencontrer de nouvelles personnes, elle s’efforçait de s’ouvrir. Il y avait eu Mariko. Puis, là, la jeune femme. Prenant son courage à deux mains, Hae Ri sourit à nouveau : « Eh bien Lino serait sans doute ravie de rencontrer un compagnon de jeux ! » Elle avait le cœur qui battait la chamade, de peur de faire face à un rejet mais elle ne pouvait plus reculer, désormais. « Si vous voulez, un de ces quatre, vous pourriez venir chez moi pour présenter Macaron à mes chats. Ou l’inverse, comme vous préférez ! » Elle sentait que ses mains étaient devenues moites et tremblaient mais elle ne regrettait pas sa proposition. Tant qu’elle ne devait pas essuyer un refus… « Ou bien maintenant, si vous n’avez rien à faire, je ne vis pas loin, c’est comme vous préférez ! » Avait-elle l’air trop enthousiaste ? Avait-elle l’air d’une idiote ? Elle n’espérait pas. Elle espérait que cette Mina pourrait être sa nouvelle amie. Elle l’espérait de tout son cœur.

Le bon chien-chien à sa maman

Illustration de la procrastination • Mina tenait entre ses mains le portable de la jeune femme, entrain de regarder des photos de chats allongés oisivement sur divers coussins, lits, couvertures et même sur le sol ensoleillé du domicile d’Hae Ri. Elle finit par reprendre l’appareil technologique, un dernier regard pour ses boules de poils avant de le ranger. La proposition d’Hae Ri lui fait lever un sourcil. Cela ne sera pas de refus. Ce n’est pas non plus comme si Mina avait des urgences actuelles à résoudre.

‘‘- Ca sera avec plaisir mais j’ai quelque chose de prévu cet après-midi.’’

Non, ça c’était un mensonge pour se donner une contenance. Ceci dit, cette rencontre impromptu allait peut être donner envie à Mina de se bouger et de revenir sur la piste des secrets de l’île. A entendre ses pensées, on aurait pu penser qu’elle se prenait pour une Indiana Jones à talons haut. Honnêtement ça serait plus simple de chercher une statuette mystique en talons hauts dans un temple que de courir dans tout les sens sur cette île pour mettre du clair dans les contradictions de tout à chacun. Allez, Mina. Ce n’était pas le moment d’abandonner. Elle était si proche. Elle le savait. Elle n’avait beosin de personne pour se donner un pue de courage pour continuer dans la voie qu’elle avait choisis. Quoiqu’il l’attendait au bout de chemin, elle le découvrirait fiérement. Ses efforts allaient payer. Elle se le promettait.

Il était temps pour elle se sortir de ses songes. Hae Ri continuait à la fixer. Ne voyant aucune réaction devant elle, Mina prit les devant.

‘‘- Voilà mon numéro, si c’est pour une menace de mort, merci de l’envoyer avant 18h, sinon pour les signalements au commissariat c’est compliqué.’’

Mina eut un dernier regard pour son canidé, avant de tenir fermement la laisse et de partir

‘‘- Je suis dispo en fin de semaine, sinon après la rentrée universitaire, ça sera le week-end ou le soir.’’

Eh oui, Mina avait décidé de remettre les pieds à la fac. Que la population étudiante soit prête, ça allait décoiffer !

‘‘- On se voit bientôt, dear !’’

Mina eut un dernier clin d’oeil avant de reprendre son chemin dans le parc. Elle ne l'avouera surement jamais mais elle attendit nerveusement la sonnerie de son téléphone en rentrant chez elle.