Tenue ♦ Depuis quelques jours, la tête de Min Sook ne menaçait que d’une chose : exploser. Trop de questions envahissaient son esprit, notamment depuis qu’il avait revu Hyun Su ce jour-là et qu’il avait compris qu’il l’avait oublié. Pourquoi ça avait dû lui arriver ? Pourquoi ça avait dû leur arriver ? Pourquoi la seule personne au monde qu’il aimait l’avait oublié ? Comment ça avait pu se produire ? Trop de questions sans réponses qui le hantaient de plus en plus chaque jour et le rendaient un peu plus instable au niveau du travail. Mystérieusement, il n’avait pas encore été viré mais plus ça allait, plus il arrivait en retard, plus il partait tôt et plus il faisait des pauses. Il se sentait affreusement vide, rien n’arrivait à le combler à lui changer les idées.
Un soupir quitta ses lèvres alors qu’il regarda son téléphone pour voir l’heure qu’il était. Ce n’est qu’une fois qu’il eut les chiffres sous ses yeux qu’il comprit que ça ne servait à rien puisqu’il ne travaillait pas aujourd’hui. Il allait encore passer une journée à trainer quoique…

La tête penchée sur le côté, le jeune homme laissa son regard dériver sur le papier qui dépassait des piles de magasines et ressortait pas toutes les couleurs qui ressortaient. Il le prit pour voir ce que c’était et un nouveau soupir quitta ses lèvres en voyant que c’était un bon de réduction pour le coiffeur. Il ne savait pas à quoi il avait pu s’attendre mais il se sentait déçu…
Reposant le bon de réduction, le coréen partit dans la salle de bain pour prendre une douche puis s’habilla avant de se coiffer. Ses sourcils se froncèrent en voyant ses racines noires contraster autant avec ses cheveux blonds, s’il voulait être un tant soit peu présentable s’il devait retrouver Hyun Su par hasard, il allait devoir aller chez le coiffeur corriger tout cela.

Résigné comme jamais, Min Sook sortit de la salle de bain, prit le coupon de réduction, s’habilla chaudement puis sortit de chez lui, direction le coiffeur. Avec un peu de chance, il tomberait sur un qui saura le faire penser à autre chose pendant qu’il s’occupait de son cuir chevelu. Il espérait en tout cas, même s’il n’aimait pas vraiment parler aux autres, il n’aimait pas trop non plus rester sans rien faire quand on lui triturait les cheveux.
Avec un sourire forcé qu’il essaya de faire naturel, il entra dans le salon mais il eut à peine le temps de faire un pas que quelque chose se heurta à sa jambe. Allons bon, même ici, il n’avait pas le droit d’être tranquille ?

Sans réfléchir, il vit une petite chose à quatre pattes. Un bébé visiblement… Les parents étaient inconscients de laisser gambader leur bambin, ils imaginaient s’il sortait ? Heureusement, il avait fait barrage et, instinctivement, il se baissa pour prendre le bébé dans ses bras, et ferma la porte avec son dos.
Sans avoir le temps de faire quoique ce soit, un coiffeur vint reprendre le petit, le posa par terre et prit la veste du client, lui disant qu’il avait de la chance parce qu’un rendez-vous venait juste d’être annulé. Distraitement, Min Sook hocha la tête avant de repartir vers la petite fille pour la reprendre dans ses bras.

« Excusez-moi, mais à qui est cet enfant ? Il a failli sortir dans la rue, il peut se blesser avec tous les outils qu’il y a… Il y a encore des parents aussi irresponsables à notre époque ? »

Au fond, la remarque était plus destinée à ses parents qui lui avaient tourné le dos, lui avaient fait vivre un enfer quand ils avaient appris sa relation avec Hyun Su.

Tenue ♦ A peine fut il entré dans le salon de coiffure qu’une petite chose se heurta à ses jambes avant d’essayer de prendre la fuite et il se baissa à temps pour attraper le bébé, lui évitant ainsi une virée dans le monde extérieur. Sérieusement, quel parent responsable laisserait son enfant gambader ainsi dans un salon de coiffure ? Le monde allait vraiment mal… Surtout qu’un coiffeur était venu prendre le bambin pour le remettre par terre avant de donner un peignoir au client nouvellement arrivé et qui ne mit pas deux secondes à pousser une annonce presque scandaleuse. Les parents qui ne se préoccupaient pas du bien-être des enfants, Min Sook connaissait et les haïssaient puisqu’ils lui rappelaient ses propres parents. Leur haine envers l’homme qu’il aime l’avait poussé au crime, il ne s’était préoccupé que des apparences, pas du fond de la personne. Aujourd’hui, il en souffrait. Alors oui, ce qu’il faisait était idiot mais il s’en fichait.
Un homme finit par se manifester comme étant le père de la fillette… Non, là, y avait une caméra cachée. Si le personnel faisait vraiment attention, pourquoi était-elle presque prête à aller voir dehors ? Il avait l’air d’aimer sa fille mais… Non. Parti comme c’était parti, soit il était tombé sur un cas soit il y avait une caméra cachée.

« S’ils faisaient vraiment attention à elle, je serais déjà en train de me faire coiffer, marmonna le coréen dans sa barbe pour que personne ne puisse l’entendre. »

Son sourire disparu, Min Sook attendit patiemment que le temps passe, qu’on lui donne des explications surtout et qu’on arrête de se moquer de lui. On ne pouvait pas lui laisser une heure de répit ? C’était trop demandé ?
Levant les yeux vers le père, le jeune homme se demanda s’il blaguait ou non… Il avait l’impression que cet homme était bon à enfermer. Depuis quand on confiait son enfant à un inconnu. Et s’il décidait de la kidnapper hein ? Il ferait quoi ? Bien entendu, Min Sook ne prendrait pas ce risque. La prison une fois lui avait suffit, surtout quand il pensait à comment ça avait terminé.

« Cet homme est malade, pensa-t-il avant d’aller s’assoir au siège désigné par le coiffeur. »

L’armoire à glace que pouvait être Min Sook ne montra qu’un visage neutre, froid, distant pour éviter d’attirer un autre enfant mais, surtout pour faire taire cet homme. Il était vraiment étrange, pauvre gosse quand même à se retrouver avec cet individu… Bon, après il était conscient qu’il valait mieux ce genre de caractère jovial quand on avait un enfant plutôt que le caractère renfermé et déprimé de Min Sook.
Un soupir discret finit par sortir des lèvres du jeune homme avant qu’il explique au coiffeur qu’il voulait décoloriser ses racines mais faire un soin. Cependant, en voyant le regard de la personne qui s’occupait de lui, le coréen prit sur lui pour répondre à la diva… Parce que oui, à ce stade c’était une diva.

« Excusez-moi mais… »

Voyant la tête du coiffeur et tenant à ses cheveux, Min Sook prit énormément sur lui pour rester poli pour décliner l’invitation. Cependant, en regardant de plus près il comprit que s’il voulait une coupe potable il n’allait pas pouvoir y couper… A l’invitation bien évidemment.

« Si vous y tenez, je n’ai rien à faire après de toute façon, répondit-il alors que l’employé était parti chercher de quoi décolorer les racine de son client. »

Le coréen croisa ensuite les bras puis baissa son regard et aperçu la fameuse Nijiko à ses pieds… Elle était vraiment mignonne et lui rappelait un peu sa sœur à être toujours collée à lui… Ou à Hyun Su, comme ils étaient toujours fourrés ensembles par le passé… A cette pensée son cœur se serra avant qu’il ne regarde le miroir pour éviter de craquer.

Tenue ♦ Être civilisé dans l’état d’armoire à glace que pouvait être Min Sook quand on était trop envahissant dans sa vie c’était quand même être masochiste. Cela se voyait qu’il appréciait la petite Nijiko mais cela se voyait aussi que se faire des « ami » comme ce Kinaku ne l’enchantait guère. Pourquoi les gens devaient être si entreprenant sérieusement ? Ils pouvaient pas le laisser tranquille un peu, s’occuper de leur personne ? C’était trop demandé ? Surtout que, au vu du regard du coiffeur et de l’apparente popularité de ce père ainsi que de sa fille il ne put décliner l’invitation et se retrouva donc, contraint et forcé, d’accepter.
Glissant son regard sur l’homme lorsque celui-ci prit son bébé dans les bras, le coréen retint une remarque. La modestie n’était, apparemment, pas la qualité première de Kinaku mais, en même temps, au vu du personnage ce n’était pas étonnant. S’enfonçant dans son siège, le jeune homme ferma les yeux tout pour essayer de décompresser un max mais aussi pour apprécier ce moment de répit avant de devoir supporter cet extraverti… Non mais franchement, il se prenait pour le petit-ami de Min Sook ou quoi ? Il croyait vraiment que donner à manger à un bébé sur les genoux de quelqu’un le branchait ? Certes, Sookie trouvait Nijiko mignonne mais le père, lui, il était moins mignon !

A l’entente des paroles de Kinaku, le jeune homme ouvrit un œil et retint un soupir agacé alors qu’il se disait qu’il allait avoir une loooongue journée. Visiblement pour qu’on le pousse à bout comme ça, il avait vraiment du faire quelque chose de mal.

« Hm hm, je compte bien profiter… Pour le reste si vous le dites écoutez… »

Il retint un joli « puisqu’apparemment vous me connaissez mieux que moi-même » qui aurait été déplacé. Il referma ensuite les yeux pour profiter du coiffeur, il en profita pour prendre Nijiko sur ses genoux en attendant que la coloration pose tandis qu’il occultait complètement les gagateries du père. Ouai non, il y arrivait vraiment pas avec les parents.
Min Sook reposa doucement la petite quand il dut passer au bac à shampooing puis il retourna à sa chaise, les cheveux, désormais, mouillés. Le coiffeur coupa simplement quelques centimètres avant de passer au séchage et de faire LA remarque.

« Vous savez, si vous cherchez l’amour, Kinaku est un gars bien. Vous êtes peut-être son type, qui sait. »

Lentement, il releva son regard sur le coiffeur pour voir qu’il était sérieux. Non mais franchement, qu’est-ce qu’il fallait pas entendre parfois.

« J’ai seulement vingt ans et toute la vie devant moi. Par ailleurs, ce n’est pas mon type. »

Le Min Sook avait des tendances Hyun Su qui n’étaient pas prêtes de changer pas même pour une personne gentille ou riche jusqu’au cou. Ah ça non, ce n’était pas un mec facile, en voyant cela le coiffeur afficha une mine surprise puis finit rapidement de sécher les cheveux de son client. Le coréen observa ensuite le résultat puis régla la prestation avant de récupérer sa veste et se diriger vers cet individu des plus étranges.

« On y va ? »

Plus vite ce sera fait, plus vite son supplice prendrait fin.