Sora s’ennuyait ferme.

Il avait l’habitude de l’hôpital, de recevoir ses injections, mais il y restait rarement plus d’une heure. Les piqûres duraient cinq petites minutes et ensuite il allait bavarder avec le personnel médical qu’il connaissait avant de partir. Une fois chez lui, il se serait habillé puis serait allé rejoindre son père dans son le carré VIP de son bar.

Mais aujourd’hui était différent.

A cause des cordes qui tombaient à l’extérieur, il ne pouvait rentrer chez lui. N’ayant pas prévu l’éventualité d’un orage puisque plus occupé à mater les postérieurs des personnes à l’extérieur. Le jeune trans n’avait absolument pas pensé à se munir d’un parapluie ou de prendre sa carte pour les transports en commun. Et de toute façon, le temps qu’il rejoigne l’arrêt de bus, la pneumonie l’aurait attaquée et pris à sec.
Il était donc coincé à l’hôpital pour un temps indéterminé et ça commençait vraiment à les lui briser…

C’est pas parce que ce sont des prothèses qu’on peut pas les casser !

Sora finit par se lever de son siège en salle d’attente et décida de se balader un peu dans les couloirs. Il prit les escaliers et commença à descendre, les étages sous le rez-de-chaussée lui étaient inconnus, et Sora étant ce qu’il est, il pénétra dans la zone dîte : « Interdite à toute personne étrangère au service ». Il se fit évidemment discret et fit en sorte que personne ne le voie, le couloir était lumineux et joliment peint mais une ambiance macabre se dégageait de l’endroit.

Mais notre jeune ami ne se posa pas plus de question et avança résolument vers la fin du couloir où se trouvait une porte et au-dessus de laquelle une lumière rouge brillait.
Attiré par la lampe comme un Yoon Bum par un Sang Woo psychopathe. Sora se rapprocha du halo lumineux, dépassant un gros chariot de linges bons pour la buanderie. Au moment où il allait arriver à cette porte et tenter de voir ce qui s’y déroulait d’intrigant. Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir, se rapprochant précisément de son emplacement.

Aïe. Si je me fais chopper ici, je vais finir attaché sur un lit d’hôpital… Et pas pour faire des galipettes salaces avec un bel infirmier.

Ni une ni deux -parce que Sora n’avait jamais été connu comme étant une personne faisant face aux problèmes impliquant d’abréger sa vie-, le jeune homme sauta dans la cachette la plus proche : Le chariot de linge souillé…

Priant pour qu’on ne le trouve pas, Sora se mit en PLS entre les draps aux tâches colorées dont il n’essaya même pas de deviner la provenance. Régulant sa respiration, aussi bien pour ne pas être repéré que pour ne pas vomir. Il compta intérieurement les secondes.

Pitié que mon portable ne se mette pas à vibrer…

Ok ça roule…

Non mais ça roule vraiment en fait !

Tétanisé au milieu du linge souillé duquel gouttait parfois ce qui ressemblait à du sang et en avait l’odeur, mais que le cerveau du jeune homme refusait obstinément d’assimiler comme étant de l’hémoglobine. Sora en oublia presque de respirer et pria une nouvelle fois au cas où un dieu bienveillant accepte de lui venir en aide en faisant en sorte que le chariot soit de nouveau abandonné au milieu du couloir, le temps qu’il puisse fuir vers de nouveaux horizons.

Mais le dieu en question lui fit un bon gros doigt d’honneur des familles et il sentit que les vêtements au-dessus de son corps étaient retirés.

Oh non ! Je vais me faire violer !!! Raah et pourquoi ça m’excite autant comme idée ?!

Sora entendit alors une voix demander de sortir de là-dedans. Il aurait bien aimé se faire passer pour un esprit farceur qui faisait sa sieste et qu’il fallait laisser en paix sous peine de représailles. Mais il n’était pas encore vraiment au point sur la question de la lévitation et du passage à travers les obstacles… Aussi finit-il par se redresser, une manche de blouse passée au-dessus de son crâne, lui cachant la moitié du visage. Il soupira intérieurement de soulagement, la personne en face de lui était jeune, s’il allait devoir user de sa personne, autant que ça soit bon pour les yeux aussi.

« Heu… Bonjour ? Je… Je me suis endormi ? essaya t-il piteusement. »

A ce compte-là j’aurais pu me faire passer pour un fantôme, ça aurait été plus crédible que ça…

Le jeune trans soupira et finit par sortir du chariot, malheureusement pour lui, une jambe de pantalon semblait s’être amourachée de sa cheville et le retint prisonnier. La conséquence immédiate fut qu’il se mangea le sol dur de la buanderie.

Okay… Je hais le karma.

Sora se redressa tant bien que mal, cherchant à retrouver un semblant d’élégance. Mais il se doutait qu’il venait d’être catalogué comme « fou certainement échappé de l’aile psychiatrique ».

« Donc, je disais… Tu te demandes certainement pourquoi je me trouvais précisément dans ce chariot à l’instant T où tu as voulu mettre tout ça à la buanderie ? demanda t-il comme si c’était évident. Et tu aurais raison. Le fait est que… Bah… J’ai pas d’explications ! Oh je t’en prie ne me dénonce pas ! Si je suis pris en train d’être dans un lieu interdit au public, ils vont refuser de me faire des injections ! »

Manquant la crise d’hystérie puis se rappelant qu’en se donnant en spectacle il risquait d’attirer encore plus de monde et potentiellement plus de problèmes.

« Je ferai ce que tu veux, une pipe ? Une paire de Louboutin ? Un chat angora ? Une semaine à la mer tous frais payés ? Des vêtements ? Un chèque ? Combien pour ton silence, pour que tu ne dises jamais que tu m’aies vu rôder dans le coin ? »

Sora se dit que ça serait quand même dommage de devoir « faire taire » ce beau jeune homme, il devait pouvoir faire un quatre heure intéressant… Et si ce bel homme souhaitait que le trans paye en nature, il ne dirait certainement pas non.