Did you want to meet?

Byun Yoo Hwan & Kim Hae Ri

Hae Ri s’était assise sur le tabouret derrière le bar du café, balançant ses jambes dans le vide – un des rares avantages de pas être très grande. Il n’y avait personne, pour l’instant, elle n’avait rien à faire. A part corriger des copies. Son patron avait depuis longtemps accepté qu’elle travaille pour son vrai travail – son rêve – pendant qu’elle bossait au café, à condition qu’elle ne néglige pas les clients. Et il l’avait suffisamment surveillée, au début, pour lui faire confiance, maintenant. Il savait qu’elle ne faisait pas n’importe quoi. Avec deux chats, elle ne pouvait pas se permettre de perdre ce boulot, pas alors qu’elle ne savait même pas si elle aurait enfin un poste à temps plein l’année scolaire prochaine… Un soupir s’échappa des lèvres de la jeune professeure alors qu’elle fronçait les sourcils, barrant d’un long trait rouge une phrase complètement ridicule et hors sujet. Ses élèves n’avaient clairement pas suffisamment travaillé et ça l’inquiétait. Ils étaient en dernière année, ils ne pouvaient pas se permettre de faire n’importe quoi. Ils allaient aussi passer un examen de littérature, bon sang ! Il allait falloir qu’elle discute avec leur professeure principale qui était aussi la superviseuse de Hae Ri.
La porte du café s’ouvrit et la jeune femme leva la tête, souriant au jeune homme qui venait d’arriver. « Bonjour ! Installez-vous, j’arrive très vite. » Elle sauta de son tabouret et rangea rapidement ses copies et son stylo dans une pochette qu’elle cacha dans le bar avant de prendre son calepin et un autre stylo et de se diriger vers le client qui s’était installé, souriant. « Que puis-je vous servir ? » Une fois qu’elle eut tout noté, la jeune professeure s’inclina légèrement et s’éloigna pour préparer la commande, allant en cuisine. Lorsqu’elle retourna dans la salle, son plateau à la main, elle ne put s’empêcher de remarquer que le jeune homme lisait, à sa table. Et il ne lisait pas n’importe quoi. Hae Ri hésita un peu, jeta un coup d’œil aux alentours et conclu que son patron ne pourrait pas venir la gronder. Par conséquent… Elle franchit les derniers pas qui la séparaient du client et posa le plateau sur sa table, le servant. La tête légèrement baissée, elle ne put s’empêcher de demander : « Excusez-moi… Je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer votre livre… Vous lisez Madame Bovary, n’est-ce pas ? Et… Est-ce que vous aimez ? » C’était un de ses livres préférés même si elle n’appréciait pas tellement le style de l’auteur. Mais bon, c’était un roman français et, de plus, il commençait à être vraiment vieux… S’il avait pu être à la mode à une époque, ce n’était plus du tout le cas aujourd’hui, même en France.

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Byun Yoo Hwan & Kim Hae Ri

Ta formation en tant que A.O.A s’était fraîchement terminée, il étant donc temps que tu débutes ton travail officiellement. Le maire t’avais demandé de surveiller une personne ayant reçu le sérum il y a quelques années. Tu avais parcouru son dossier rapidement, et cette jeune fille était faite pour toi. Vous sembliez avoir quelques points communs, tu acceptas donc la requête presque qu’avec plaisir. Même si de toutes manières, personne ne t’aurait vraiment le choix. Il n’était pas nécessaire que tu entre en contact avec la demoiselle, et c’était pour cette raison que tu avais décidé de te rendre dans le petit café où elle travaillait. Tu te ferais certainement taper sur les doigts, mais disons que tes supérieurs ont l’habitude que tu n’en fasses qu’à ta tête ; ils ont eu un avant-goût durant ta formation. Maeda Ryosuke était d’ailleurs aux premières loges, il était ton formateur, et autant dire qu’il en avait vu de tous les couleurs. Mais malgré ce petit hic, vous restez en bons termes. Tu passes la porte du café, baladant tes yeux un peu partout. C’était la première fois que tu y mettais les pieds, t’es plutôt du genre casanier en temps normal. Une voix féminine traversa la pièce pour arriver jusqu’à tes oreilles. Tu relèves alors les yeux afin de voir d’où ce son provenait. C’était elle. Kim Hae Ri, celle qui sera désormais ta protégée. Un léger sourire s’installe sur tes lippes, acquiesçant alors à la jeune femme. Tu pris place à l’une des tables, tes yeux scrutant toujours la pièce. Tu aimais la décoration, c’était convivial, on pourrait confondre l’établissement avec un café New Yorkais. Bien que tu ne puisses pas comparer, tu n’as jamais décollé les pieds de cette île. Tu y avait vu le jour et tu y vivras ton dernier souffle. Tu pris le menu qui était mis à disposition sur la table et le feuilleta rapidement. Ton attention se repose sur la jeune femme venue prendre ta commande. « Je vais prendre un Americano, s’il vous plait. » Tu lui adresses une nouvelle fois un simple sourire. Tu es en général de nature froide et distante, mais tu ne voulais pas non plus faire fuir la serveuse, tu te devais de montrer une image de toi amicale. Les seuls avec qui tu arrives à montrer une image bienveillante naturellement sont ta jumelle et Tae Oh. Lorsque la demoiselle tourne le dos afin d’aller préparer ton café, tu sors de ton sac à dos un livre dont les pages paraissent avoir vécu, la couverture aussi d’ailleurs. Tu l’ouvres à l’endroit indiqué par ton signet et commence alors ta lecture. Tu n’avais pas choisis ce roman au hasard. C’était pour attirer l’attention de Hae Ri ; le livre en question était ses favoris, tu l’as su en fouillant dans ses informations au qg. A son retour, ton bouquin ne passe pas inaperçu aux yeux de la serveuse, comme tu l’espérais. « C’est bien ça, un ami me l’a conseillé. Vous l’avez lu ? » Tu ne pouvais évidemment pas lui dire la vraie raison de ce livre dans tes mains. « Jusqu’à présent, cela me plait, je suis curieux de voir comment la vie de Mme Emma va tourner. » Ce n’était pas vraiment ton type de livre à la base, tu préférais de loin les romans policiers, mais celui que tu avais en main ne te déplaisait pas forcément.

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Byun Yoo Hwan & Kim Hae Ri

Hae Ri était de bonne humeur, aujourd’hui, même si elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour l’avenir littéraire de ses élèves. Elle adorait son boulot, il faisait beau et même son emploi au café ne la dérangeait pas, surtout pas ces jours où elle pouvait travailler tranquillement, qu’il n’y avait personne ou presque. Et, même si un client venait d’arriver, il était seul et semblait décider à rester tranquille, dans son coin. Il avait sorti un livre et Hae Ri, en venant le servir, ne put s’empêcher de le reconnaître. Son patron n’aurait sans doute pas apprécié qu’elle accapare autant un client mais elle ne pouvait s’empêcher. La littérature, c’était toute sa vie. Puis il n’avait pas l’air de vouloir être réellement seul, la conversation restait ouverte. « Oui, je l’ai lu plusieurs fois. En fait… Je suis professeure de littérature. Enfin à mi-temps. Je devrai avoir un emploi fixe et plein l’année scolaire prochaine. Et j’ai souvent fait travailler mes élèves dessus. Ça a beau être un classique français, c’est un bon sujet d’étude, même s’il est très long et difficile à lire, à cause du style. » Elle souriait, à l’aise devant cet étranger, uniquement parce qu’elle parlait d’un livre. De ce qu’elle aimait. C’était la magie des passions. Peut-être regretterait-elle cet excès de joie plus tard mais, pour l’instant, elle ne pensait à rien d’autre qu’à cette conversation, au présent.
Sans vraiment réfléchir, la jeune professeure tira légèrement la chaise face au jeune homme et s’assit, souriant toujours : « Si ça vous plaît et que vous avez hâte de voir la suite eh bien je n’en dirai pas plus ! Mais vous allez être très surpris, je pense. La première fois que mon frère l’a lu, il était presque choqué par la fin, c’était tellement drôle à voir ! » La jeune femme rit légèrement puis l’expression de son frère, alors petit, lui revint et elle sentit sa gorge se serrer. Son rire s’effaça et elle baissa les yeux, prenant soudain conscience de ce qu’elle faisait et d’où elle était. « Désolée, je dois vous déranger. » Elle se le va, récupérant son plateau. Elle ne voulait pas gêner plus longtemps ce client et elle ne pouvait s’empêcher d’avoir mal, maintenant qu’elle repensait à Hae Joon, disparut depuis si longtemps et qui, pourtant, lui manquait toujours. Peut-être lui manquait-il un peu plus chaque jour, elle n’aurait su dire. Elle avait beau avoir fait son deuil, elle ne pouvait s’empêcher de regretter le passé. Elle aurait tant aimé qu’il soit là, aujourd’hui. Elle aurait aimé le retrouver, ce soir, et lui parler de ce client qui lisait Madame Bovary et qui avait hâte de voir la suite. Il aurait ri et ils se seraient rappelés quand ils l’avaient lu pour la première fois. Ils auraient ri. Mais Hae Joon n’était plus là.

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Byun Yoo Hwan & Kim Hae Ri

Rictus peint sur ses lippes, ses oreilles enregistrent chaque émission sonore de la jeune femme devant lui. Ses yeux sont passionné, sa voix est claire et son amour pour la littérature ainsi que ses élèves se fait ressentir, ses sentiments arriveraient presque à toucher le jeune Yoo Hwan. Yoo Hwan au tempérament de feu mais au cœur de glace, Yoo Hwan le mystérieux, impossible à percer. Et pourtant elle, elle semblait le faire d’une facilité hors norme. C’est qu’il ne s’y attendait pas, Yoo Hwan, à cette douceur et à cette fragilité de la jeune femme, ou du moins pas de la sorte. Ses mots bien choisi au point qu’ils en formeraient une mélodie, c’est presque s’ils hypnotiseraient le garçon. « Vos élèves ont de la chance, leur professeure à de bon gout en matière de livre ! » il laisse échapper un petit rire, il regarde la demoiselle prendre place devant lui. « C’est un livre que j’aurais certainement apprécié lire pour les cours, même si le style peut être quelque peu difficile comme vous dites. » Il laisse un temps, porte à ses lèvres son café qu’il en boit quelques gorgées, le redéposant de manière délicate sur la table devant lui. « Vous enseignez où exactement ? A l’université, au lycée ? » Et puis elle a son regard qui se fane, Hae Ri, ses mots nostalgiques qui la poignardent à plusieurs reprises. Et Yoo Hwan il sait, il sait pourquoi ça lui fait si mal, mais Yoo Hwan ne peut rien dire. Mais Yoo Hwan il la comprend, Yoo Hwan il compatit avec elle, mais surtout, il ne voudrait pas sentir la même douleur qu’elle. Parce que lui aussi, il a une jumelle, parce que lui aussi il a une moitié dont la perte serait tragique pour lui, et bien trop douloureuse. Alors il voudrait panser ce cœur meurtrit, d’une manière ou d’une autre. Là était la raison pour laquelle il avait désobéi. Là était pourquoi Yoo Hwan avait tant voulu la rencontrer alors qu’on ne lui avait pas confié cette mission. Parce que Yoo Hwan il en fait toujours à sa tête, ses collègue y sont habitué, Ryosuke le premier. Elle se relève mais il la rattrape, ses doigts entourant le fin poignet de la belle. Non, il ne voulait pas qu’elle parte. « Non, attendez ! » et puis il se rend compte de son geste qui pourrait être mal interpréter, alors il la lâche, la gêne se lisant dans son regard. « Désolé. » qu’il lâche en se séparant du poignet de la belle. « Il n’y a personne d’autre que moi, rien ne vous empêche de rester un peu. » sourire gêné dessiner sur son visage de gamin de vingt ans. « Et vous ne me dérangez pas du tout. Je m’appelle Byun Yoo Hwan, et vous ? » Gamin trop curieux qui veut apprendre à la connaître.

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Byun Yoo Hwan & Kim Hae Ri

Hae Ri était passionnée et elle ne pouvait s’empêcher de vouloir rester et de discuter avec cet inconnu qui semblait avoir les mêmes centres d’intérêt qu’elle. Elle ne pouvait s’empêcher de sourire, face à lui, en l’entendant la complimenter, ses joues se teintant légèrement de rose. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien en présence d’un inconnu et elle savait combien le livre, placé entre eux, avait joué. Cela pouvait paraître stupide mais ce simple point commun l’assurait qu’ils avaient de quoi discuter et, surtout, qu’elle n’avait rien à craindre de lui. Normalement. Il serait surprenant qu’il soit venu ici, avec ce livre, uniquement pour attirer son attention. Elle espérait que ça n’était pas le cas. Il avait l’air d’être un type bien, elle n’avait pas envie de devoir lui interdire l’accès au café, à l’avenir. Pour l’instant, tout ce passait bien, elle en oubliait même pourquoi elle était là, son travail. Ils discutaient et elle lui souriait. « Je travaille au lycée, j’aime pouvoir créer un changement chez eux, les pousser à aimer la littérature alors que, jusque-là, ils n’aimaient pas ça. A l’université, ils sont tous trop persuadés de tout savoir, déjà, c’est un peu frustrant. » Elle rit un peu puis tout disparut alors qu’elle parlait de son frère. La moitié qui lui manquait, aussi bien physiquement que moralement. Elle se rappela qu’elle était là pour travailler et se leva, voulant retourner derrière le comptoir mais une main la retint et elle sentit son souffle se couper, alors que la poigne la contraignait. Et tout recommença, encore une fois. Elle se souvint. Elle se souvint de longs cheveux noirs flottant au vent, qui brillent, un sourire parfait, son cœur qui bat la chamade en la voyant, elle. Celle qui crie et pleure, attachée, celle qui ne prononce plus un mot, ne bouge même plus alors qu’un homme la blesse plus profondément que personne n’aurait jamais dû la blesser. Et Hae Ri hurle à sa place, elle essaye de se débattre, de forcer les deux autres garçons à la lâcher mais elle n’y arrive pas. Il continue de blesser celle qu’elle aime et elle supplie, elle pleure, pour celle qui semble morte à l’intérieur, les yeux ouverts et dans le vide. Puis il arrête, il a fini. Mais non. Il la frappe, l’insulte, et Hae Ri continuer de pleurer, appelle au secours mais personne ne vient. Personne ne l’entend. Elles sont seules. Hae Ri se sent sortir d’un rêve mais ses jambes se dérobent sous elle, l’air ne parvient plus jusqu’à ses poumons et elle tombe à terre, ses mains volant immédiatement jusqu’à sa gorge, essayant de la forcer à s’ouvrir, elle ne respire plus. Elle n’entend plus rien que les râles de sa respiration. Et elle se souvint de leur éloignement progressif. Elles ne se parlent plus, elles ne parlent pas de ce qu’il s’est passé mais l’événement reste énorme, entre elles deux. Personne ne sait. Hae Ri a mal, elle voudrait rester proche de celle qu’elle aime mais elle ne veut plus d’elle. Alors elle ne voudra plus de celui qui l’aime non plus. Elle rejette son père, s’isole. Elle pleure souvent, personne ne le voit, personne ne lui demande pourquoi, elle se sent seule et a mal. Tellement mal. Hae Ri pleure, suffoque toujours, son front touchant presque le sol et elle veut en savoir plus mais, en même temps, elle ne veut plus savoir. Elle a mal, tellement mal. Et elle pleure, encore et encore, ses mains toujours serrées autour de sa gorge qui refuse de laisser passer l’air. Elle n’entend plus ses râles, plus le monde qui l’entoure, juste les cris, encore et encore. Ceux de celle qu’elle a aimé, les siens et ceux des… Ceux des monstres.