Le maire de Kyul était un homme très occupé. Peu de gens en doutait, vu comment il gérait d'une main de fer sa ville. De ce fait, il n'avait eu que très peu de temps pour lui depuis des années, et très peu de temps pour sa famille. C'est peut-être pour cela que sa femme s'en était allée, peut-être pour cela que sa fille était devenue une réelle peste. Mais au yeux de cet homme sévère, la sécurité de sa ville et le maintien de sa bonne atmosphère était le plus important.

Pourtant, cela n'empêchait pas qu'il prenait quelques fois du temps pour la seule famille qu'il avait, à savoir Mina. C'est pour cette raison que cet homme sévère se trouvait dans un restaurant huppé en ce moment même, allant dans une des salles VIP de l'établissement qu'il avait réservée pour ce diner père-fille. Le maire n'avait pas vu sa fille depuis quelques temps déjà, et il souhaitait se rattraper. La porte s'ouvrant sous son action, il entra dans la pièce, saluant sa fille déjà présente d'un bref signe de tête.

« Mina. »

Ce bref mot prononcé, l'homme s'assit en face de sa progéniture, l'observant de son regard acéré. Il cherchait des signes sur le visage fermé de sa fille, des indices sur son état actuel. Mais cela ne dura que quelques secondes, avant qu'il fasse signe au serveur présent de prendre leur commande pour avoir enfin, leur moment seul à deux. Ce n'est qu'une fois qu'il fut reparti que le maire reprit la parole.

« J'ai appris que tu avais été une nouvelle fois hospitalisée, il y a peu de temps. Pourquoi l'as-tu été cette fois-ci, je n'ai pas put savoir contrairement à la première fois. »

Mr. Tanaka était toujours occupé, il n'avait pu aller voir sa fille quand il avait appris la nouvelle.

Ce matin, Mina avait reçu un curieux message. Son père l’invitait au restaurant comme on invite un enfant ayant eu des bons résultats. La brune eut un rire vite ravalé. Avant même qu’elle ne s’en rende compte, elle se tenait dans une salle privative d’un restaurant huppé d’Iwamune. Ils auraient pu aussi se donner rendez-vous à la maison. Enfin, ils auraient déjà fallu que son père se rappelle de sa localisation et de sa famille. Génial, le repas avait même pas commencer que la rage commencer à se manifester dans son estomac. Nerveusement, elle sortit son téléphone pour jouer à un stupide jeux. C’est pas comme si elle pouvait se permettre de parler avec quelqu’un vu le vide intersidérale résidant dans son répertoire de contact. La porte s’ouvrit. C’était lui, elle le savait. Son téléphone fut verrouiller et retourna dans son sac. Il s'installa devant elle et fixa son visage stoïque. Cela faisait si longtemps qu’il avait surement oublier à quoi elle ressemblait. Elle pouvait pas lui en vouloir, si ?

‘‘- Je suis même surprise que vous vous souvenez de mon prénom, mon cher père.’’

Que le combat commence ! Un serveur vint prendre leur commande. Mina pointa quelque chose au hasard dans la carte. Une fois partis, son père décida de prendre la parole. C’est qu’il voulait jouer au papa poule, dit donc !

‘‘- Les nouvelles semblent circuler rapidement à Kyul. Mon téléphone doit vraiment avoir un problème pour n’avoir reçu aucun message, ni même d’appel. Je vais finir par en avoir assez de porter la faute sur lui.’’

Ca, c’était fait. Il pensait réellement qu’elle allait lui parler joyeusement de la pluie et du beau temps ? Elle n’avait plus cinq ans. Actuellement, elle avait juste envie de lui hurler dessus. Elle du prendre sur elle. Il ne l’avait pas élever ainsi. Elle devait être plus fine.

‘‘- Il semblerait qu’il y ait des problèmes de sécurité sur cette île. A croire que le petit commissariat de Kona ne soit pas suffisant pour tout les problèmes secouant actuellement l'île ...’’

Mina croisa les bras et appuya son dos sur le dossier de sa chaise en attendant la réponse de son cher père.

La peste de l’île cru s’étouffer. Elle peinait à y croire. Il n’avait pas changer. Il n’y avait que lui dans son monde. Après tout, il était le maitre de jeux de l’île. Maire depuis aussi loin qu’elle s’en souvenait, le pouvoir lui avait clairement monté à la tête. Favoritisme ? Mina demandait simplement que justice soit rendu comme pour n’importe quel citoyen de l’île. La personne lui ayant fait ça mériter de passer devant la justice. Il devait être emprisonner dans une cellule humide avec comme seul compagnon sa folie lattante. Un serveur vint disposer soigneusement leur commande pendant que le poing de la jeune femme se crispa sur la nappe pour finalement relâcher le bout de tissu après une longue respiration et un léger rire.

Elle jouait donc à l’enfant pour lui ? Elle était pour lui toujours cette fillette souriante accordant sa confiance pour un oui et pour un non à des parfaits inconnus avares ? Cette fillette était morte. Elle ne pouvait pas survivre au monde, alors Mina décida de la tuer de ses propres mains. Mina ne ferait plus confiance à personne. Mina ne vivrait que pour elle. Mina serait égoïste parce que c’est le meilleur moyen de survivre. Mina serait peste. C’était sa conviction. Avec tout ses sacrifices, elle pourrait survivre à ce cruel monde et être heureuse. Résultat des courses, sa mère l’avait abandonner, son répertoire téléphonique était vide, tout le monde la haïssait. Il lui avait fallu plus d’un an pour faire le deuil de tout cela. Finalement elle avait ouvert le yeux. Sa mère ne reviendrait jamais, tant pis, elle ferait sans. Ce n’est pas comme si elle avait le choix. Son répertoire téléphonique était vide ? Elle n’avait besoin de personne. Enfin, tout le monde la haïssait. Tant mieux, elle les détestait également tous sans exception. Ils pourraient rôtir en enfer, elle ne lèverait même pas le petit doigt.

Mina n’était plus la fillette idiote attendant son retour à la maison pour lui offrir une couronne de fleur. Son père était aveugle. Au fond, il l’avait toujours été et elle avait toujours choisit de se mentir à elle-même.

‘‘- Allons, cher père, ne vous salissez pas vos précieux doigts pour une personne aussi inutile que moi. Je sais très bien que vous vous les utilisez pour d’autres.’’

Le mépris au sein de la voix de Mina était évident.

‘‘ - Alors oui, mon cher père, continuez à protéger votre prétendu innocence dans vos chemises immaculées. Quelles sont leurs véritables couleurs ? Je le sais mieux que personne.’’

La brune se mit à jouer avec sa fourchette avec le plat fraichement arrivé avant de pousser le plat, l’appétit couper.

‘‘- Mais je serrais toujours derrière vous mon père, toujours. Tel votre ombre, je serais là, à vous observer comme je l’ai fait pendant les derniers mois. Je serais là, dans votre bureau à jouer avec les livres de votre amusante bibliothèque. Je serais là à faire le tour de l’île avec cette étrange carte avec un étrange sigle.’’

Les doigts de Mina s'entremêlèrent soigneusement, toujours le regard braqué sur son père.

‘‘- Je serais là quand vous tomberez en disgrâce. Parce que je serais celle qui l’aura provoqué. ’’

La menace était à peine voilé. Il était temps que le maire de l’île lui fournisse les réponses qu’elle cherchait. La supposé ignorance de Mina était clairement révolu. Elle savait qu’elle jouait un jeux dangereux. Mais à la vue de la surprise sur le visage de son père, ce sacrifice en valait largement la peine.

Son père, cet horrible personnage ayant perdu tout lien avec son papa adoré qu’elle attendait devant la porte d’entré de la maison familiale. Il avait pourtant les mêmes vestes. Il avait le même visage. Il avait la même voix. Mais ici s’arrêtait la comparaison. L’été dernier, Mina avait fait le douloureux deuil de sa mère. Il était temps pour Mina de nettoyer son armoire.

Devant ses yeux, son père jouait à l’innocent avec une volonté qui aurait presque fait douter Mina si elle ne connaissait pas son paternel. A l’entendre, il était aussi innocent que l’agneau venait de sortir du ventre de sa mère. Dommage que le mouton était en réalité un loup dans un déguisement de bovidé. Le loup voulait même lui faire la leçon. Alors comme ça, elle n’avait pas le droit d’aller dans son bureau ? Mina eut un léger rire avant de lever les yeux vers le plafond. Ce rendait-il du ridicule de la situation. N’était-ce pas normal pour sa fille de lui rendre visite au travail ? Visiblement pas pour lui, bien trop préoccuper à protéger sa petite vie secrète que de se soucier de sa famille. Il se décida à partir aux commodités après lui avoir expliqué à quel point elle était une déception,  à quel point son poste était important pour tout le monde, etc … Mina eut un soupir avant de sortir son téléphone pour jouer faussement à un jeux qu’elle avait télécharger le veille. Une notification lui fait levé les yeux de son écran. Ce n’était pas son téléphone mais celui de son père. Après avoir vérifié qu’il ne revenait pas, elle l'attrapa et eut le temps de voir qu’il venait de recevoir un message d’un certain ‘‘Sun’’.  « Le suspect se souvenait de tout et a bien été appréhendé… ». Mina n’eut point le temps de continuer, son paternel décida de faire son retour. Elle déposa son téléphone là où il devait être et retourna à son stupide jeux avec un pigeon tout aussi idiot.

‘‘- Déjà fini ?’’

Son père retourna à sa table et sans plus de politesse continua son repas. Il lui fallut plusieurs bouché de son plat avant de se rappeler de l’existance de sont téléphone. Il le fit glisser discrètement dans sa veste. Mina regarda ce spectacle en mâchant sa viande. Elle ne put s’empêche de repenser au bout de message qu’elle avait vu. Il fallait qu’elle essaye d’interroger son père une dernière fois. Il était trop tôt pour abandonner.  

Le message adressait à son père venait d’un certain ‘‘Sun’’. Qui pouvait se cacher derrière ses trois lettres ? Sun ge ? C’était plus un surnom féminin. Sun hee, Sunnie, … Sun Hae ? Un peu au hasard, Mina tenta le tout pour le tout.

‘‘- J’ai vu Sun Hae récemment. Elle a l’air d’aller bien à son travail … J’aurais peut être du garder contact avec elle. Tu en penses quoi ?’’

La brune fixa la réaction de son père. Il allait se trahir, elle le savait, elle voulait y croire.

Dire que Mina était déçue était un euphémisme. Elle avait pensé pouvoir voir au moins un sentiment traverser la visage de son père mais ce dernier ne trahit rien. Mina était bien perdu avec tout cela. Ce ‘‘Sun’’ ayant envoyé un message à son père est-il bien Sun Hae ? A contrecoeur Mina se décida d’abandonner ce bout d’information et d’en passer à un autre : le message.

‘‘- Enfin tu sais, à chaque fois que je la vois, j’ai envie de lui faire avaler la moitié de l’arrivé de la Criée du jour alors … je ne suis pas sûre qu’on puisse  qualifier cela comme bien s’entendre.’’

De toute façon, la notion de ‘‘s’entendre avec Mina Tanaka’’ relevait plus d’un miracle qu’un acte du quotidien.

‘‘- Puis pour continuer sur la métaphore, je suis pas une moule, je n’ai pas besoin de m’ancrer dans un pilier.’’

Avec autant de référence à la mer, Mina allait finir par regretter de ne pas avoir pris un produit de la mer pour ce repas. La brune dévia son regard vers l'assiette de son père. Il avait bientôt fini. Elle ne pourrait pas encore le retenir très longtemps. Les minutes lui restant étaient comptées. Il fallait qu’elle se dépêche de toute urgence de comprendre ce qu’elle venait d’entre-apercevoir. Mina savait déjà qu’il y avait des criminels se baladant en liberté sur l’île. Cependant le notion de souvenir la chiffonnait. Le message laissait clairement penser qu’il n’était pas normal que la personne -étant criminel vu le vocabulaire- se souvienne. C’est pour cela qu’il avait été appréhendait. Dans quel contexte cela ferait un quelconque sens ? A moins que … il y avait ce programme pour récrire une histoire à tout ses criminels. Mina en avait eu un échantillon sous les yeux. Si les criminels vivaient dans un parfait mensonge, aurait-ils besoin des souvenirs de leur vie passé ? Avec les progrès de la médecine actuelle et notamment de la neuro-science, il était tout à fait envisageable que … A cette pensée, Mina se figea. Sa fourchette lui échappa des mains et finit sa course par terre, à quelque centimètres de sa chaise. Son père leva son regard de son assiette pour regarder presque perplexe sa fille. Mina avait besoin de partir, elle se sentait mal.

‘‘- Je crois que j’ai quelques vertiges, je vais pas tarder.’’

La brune s’essuya à la hâte la figure avant de fouiller dans son sac pour laisser quelques billets, histoire de paraître ne pas être trop dépendante de son père tant bien même que c’était lui son principal (et unique) financeur.

‘‘- Bonne continuation à la tête de cette île de cul-tereux et de bobo-japono-coréano-friqués.’’

Sans plus de politesse, la porte claqua. Mina pour la première fois, avait peur de découvrir le secret d’Aikoyangi. Alors jsqu’à ce qu’elle retrouve confiance, Mina fuira.

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