Leilah, tu as été le fruit d’un amour parfait. Tes parents se sont rencontrés au lycée et depuis, ne se sont jamais lâchés. Médecin et avocat aux Etats-Unis, diplômés de la prestigieuse école de Cambridge, tu as vécu comme une réelle petite princesse, Leilah. Les nouveaux jouets, tu les avais la première. Les plus beaux vêtements, tous dans ta garde-robe. Tu vivais comme au sein d’une famille royale et pourtant, il y avait des tâches noires parsemant le tableau de la si belle famille que vous formiez.
 
Déjà, jaloux du succès de tes parents, les frères et sœurs de ceux-ci ont arrêtés de leur parler. Du coup, Leilah, tu as grandi seule. Sans personne avec qui jouer, partager tes secrets, rigoler. À l’école, comme tes parents, tu étais très intelligente. « Very good Leilah, another A+. Your parents must be so proud. » Oh oui, tes parents étaient fiers de toi Leilah. Mais à cause de ton intelligence, tes camarades ne t’appréciaient pas. Et puis, tu vivais à Cambridge, et après le mandat de Trump, les USA non plus jamais été les mêmes et la majorité de tes petits camarades blancs étaient racistes.  C’est pour ça que tes parents t’avaient donné ce joli prénom, pour que tu t’intègres dans cette société. Mais, Leilah, tu avais aussi un deuxième prénom, coréen aussi bien qu’anglais : Sun. Cependant, tu ne l’utilisais que pour les personnes proches de toi. C’était ton petit secret, à défaut d'en avoir avec tes amis.
 
À l’âge de quatre ans, tu quittas le sol américain pour rejoindre Aikoyangi, île natale de tes parents. En arrivant sur l’île, Leilah, tu devins un vrai petit ange : fini les caprices et les mauvaises paroles, tu devins un délice. Ton sourire se peignait sur ton visage tous les jours et tu grandis sans qu’il ne te quitte. Cependant, ça ne durerait pas.

En entrant à l’école, tu rencontras ton meilleur ami : Jang Aedan. Tu n’étais pas très douée avec les gens Leilah, tu disais trop ce que tu pensais, ça les blessait. Mais quelque chose t’attirait chez ce petit garçon qui voulait toujours être seul et tu t’obstinas : car oui, Leilah, tu étais et es toujours, très têtue. Au final, il devint une partie entière de toi, dont tu ne pouvais plus te passer. Il n’y avait pas de Leilah sans Aedan et tout le monde le savait. Un jour, cependant, tu finis en larmes à cause d’Aedan.

Il devait partir. Te quitter. Vivre ailleurs. En soit, ce n’était pas si loin, Séoul. Mais c’était plus loin que le trajet en vélo que tu devais faire pour rejoindre la maison d’Aedan. Alors ça ne te plaisait pas. Alors la Leilah capricieuse revint. Et, tandis que tu entrais en dernière année de lycée, tu allas la faire à Séoul, suivant les pas de ton meilleur ami. Ce sont tes parents qui te payaient l’appartement et une nouvelle fois, tu vivais une vie des plus heureuses : accompagnée du jeune homme, tu te sentais invincible, parfaite, complète.  Et Aedan te fit partager tout ce qu’il savait de la grande ville, car il y avait été un an avant que tu puisses arriver. Mais cette dure année, tu préférais l’oublier.

Aedan s’était fait une autre amie, une autre jeune fille. La jalousie ne faisant pas partie intégrante de ton vocabulaire, tu n’avais été que plus heureuse qu’une présence féminine soit là pour aider ton meilleur ami alors que tu étais encore bloquée à Hanari. Une fois à Séoul, cependant, tu rencontras cette jeune fille. Et tu te sentis attirée par celle-ci comme jamais. Tu savais que tu étais plus attirée par les femmes que par les hommes et celle-ci était magnifique : ton totale opposé, d’autant par son prénom que son apparence.

Au début, tu ne pensais que ce n’était qu’une attirance passagère, Leilah. Néanmoins, les mois défilés et tu n’arrivais pas à te la sortir de la tête. Heureusement. Car un jour, elle avoua ses sentiments pour toi et tu fis de même. Ainsi était censé commencer ton propre conte de fées, sur la trace de celui de tes parents, Leilah. Cependant, ce fut un cauchemar qui commença.

Si pendant un an vous étiez toutes les deux très heureuses avec l’autre, rapidement, ta relation pris un chemin auquel tu ne t’attendais pas. Après cette année de bonheur, Luna commença à te frapper. Tu n’en savais pas la raison, mais dès que tu te montrais trop proche, la jeune femme devenait violente avec toi. Mais tu ne dis rien. Seul Aedan s’en rendit compte, plusieurs mois après la première fois que Luna t’ait frappé, alors que tu lui ouvrais la porte avec une lèvre encore ensanglantée. À partir de cet instant, il devint ton infirmier mais tu t’attachas encore plus à lui : il était le seul auprès duquel tu pouvais rigoler sans avoir peur de te faire frapper. Les humeurs de Luna changeaient beaucoup trop vite pour que tu puisses remarquer quand elle allait te frapper ou non.

Puis quand tu eus dix neuf ans Leilah, tu décidas d’aller voir la police. Ton joli visage de poupée se retrouvait tuméfié beaucoup trop souvent à ton goût et tu faisais trop attention à ton physique pour te laisser faire plus longtemps. Mais face à la police, dans un pays où l’homosexualité n’est pas encore acceptée, tu te fis ridiculiser. Les propos homophobes qu’ils te crachèrent à la figure, tu préfères les oublier. Mais Leilah, tu gardes leurs visages bien ancrés dans ta mémoire, car un jour, tu les feras payer.

Le soir-même, ce fut la dernière fois que tu vis Luna. Une fois de plus, elle leva la main sur ton visage de porcelaine et ce fut la fois de trop. Le soir, tu te retins de pleurer. Tu avais déjà trop versé de larmes pour Luna. Alors, une fois qu’elle passa le pas de ta porte pour partir, tu fis tes affaires. Non, tu ne fuyais pas Leilah. Tu voulais juste être libre et tu savais que si tu revoyais la jeune femme, à ton tour tu la frapperais. Alors tu pris la plus grosse valise dans ton placard et tu la remplis de tes affaires. Tu envoyas un message à Aedan, lui disant que tu partais de Séoul, que de toute façon les examens étaient finis, que tu les avais réussis, que tu pouvais commencer tes études tranquillement à Aikoyangi. Tu ne dis pas exactement dans ton message sur quelle partie de l’île tu allais et tu lui dis : après tout, toujours ami avec la jeune femme, il risquait de lui dire sans faire attention. Alors tu gardas pour toi ta destination.

Tu préviens tes parents de ton retour Leilah, mais tu ne voulais plus vivre avec eux. La vie seule, tu l’avais trop apprécié pour retourner sous leur toit. Une fois bien installé dans ton appartement à Aojuri, tes cours en faculté de médecine déjà commencés, tu contactas Aedan pour la première fois en un mois. Mort d’inquiétude de ne pas avoir eu de nouvelles, la conversation dura plus de deux heures. Deux heures au cours desquelles, Aedan t’avoua son plus grand secret, le fait qu’il faisait partie de la mafia à cause de ses parents et qu’il détestait ça, détestait faire du mal aux gens. Et toi, Leilah, de savoir ton meilleur ami en détresse, tu voulue l’aider. Alors tu t’enrôlas dans la mafia à ton tour, dans le trafic d’organes plus précisément. Ça te permettait de réviser tes cours mais aussi d’alléger le poids des épaules de ton meilleur ami. Du moins, c’est ce que tu pensais. Car si tu pensais avoir rejoins la bonne mafia, ce n’était pas le cas : il y en avait deux sur l’île et toi, tu étais du côté de Do Han. Mais ça, Leilah, tu ne le sais pas, que ton meilleur ami est dans la mafia opposée à la tienne.

Aujourd’hui, tu es en deuxième année de médecine et la meilleure de la promotion. Tu continues de visiter tes parents mais tu évites de le faire trop souvent : travaillant dans la mafia, tu deviens autant un danger pour eux que pour toi-même. D’ailleurs, ce travail te permet de vivre confortablement dans Kyul, dans le quartier le plus animé de la ville. Mais tu n’es pas totalement heureuse : tu sens ce vide constant en toi car ton meilleur ami n’est pas là. Tu es passé d’une présence constante à rien en l’espace de seulement quelques mois et c’était horrible pour toi. Mais, avec un peu de patience, Aedan a enfin pu prendre son billet d'avion et maintenant, tu peux dire que tu es heureuse car il est toujours là quand tu as besoin de lui, et vice versa.