Everything is blue
His pills, his hands, his jeans
And now i’m covered in the colors pull apart at the seams

Au début, personne n’aurait pu se douter que cette histoire aurait pu être tragique. La vie de Ari avait commencé comme un conte de fée. Né dans la magnifique ville d’Honolulu, la jeune homme était le résultat de l’amour entre une jeune maori et un résident japonais faisant partie de l’aviation de l’archipel déposée sur le territoire quelque part entre la guerre de Corée et la guerre du Vietnam et qui n’étaient jamais partis. Elle était jeune et belle, il était jeune et complètement inconscient, mais ils s’étaient aimés si fort et si rapidement qu’aucun de leurs amis et de leur famille ne furent étonné de les voir se marier au bout de six mois de relation.
Ils vécurent les meilleurs années de leur vie, à l’abri des cocotiers et bercés par les vagues et le tumulte de la ville.

Ils n’auraient pu demander beaucoup plus pour leur bonheur, sinon d’avoir un enfant. Un enfant qui vient les rejoindre deux années plus tard, lors d’un aprés midi de Janvier. Un garçon vigoureux et aux yeux clairs qu’ils avaient appelé Ari, à la mémoire du père de la jeune femme.
Cet enfant finit de sceller leur amour dans la pierre, et ils se jurèrent de tout faire pour protéger cet enfant toute leur vie.

Everything is grey
His hair, his smoke, his dreams
And now he's so devoid of color
He don’t know what it means

On dit que le bonheur dure 7 ans. Pour le jeune couple, il en avait duré dix. Jusqu’à ce matin fatidique, trois jours après son anniversaire et 20 jours depuis que son père était parti en mission, ce jour ou Ari avait entendu sa mère pleurer, qu’il l’avait vu être consolée par un homme en uniforme, un homme en uniforme lui délivrant un discours préparé et impersonnel, lui disant à quel point son père avait bien servi, et qu’il serait traité avec le respect qu’il lui était du.
Ari n’avait pas compris. Il n’avait pas tout de suite compris que son père ne rentrerai jamais à la maison.
Il y eu un enterrement en grandes pompes, auquel sa famille japonaise avait assisté.

Sa mère était désemparée. Ils avaient tout perdu. Aussi elle accepta la demande de son ancienne belle mère. Elle quitta Hawai pour Aikoyangi. Une petite île et une communauté pour une île encore plus petite et une communauté plus renfermée encore.
Sur cette île, elle rencontra un homme, un homme qui lui redonna le sourire et l’emmena en balade, et le jeune garçon était heureux, car il savait que sa mère était heureuse à nouveau.

You’re dripping like a saturated sunrise
You’re spilling like an overflowing sink

La naissance de Bella fut le début de la fin. Il était trop concentré sur sa pseudo rébellion adolescente pour le remarquer. Remarquer les traces sur les poignets et sur la gorge de sa mère. Il n’avait pas non plus remarqué sa paleur et ses cernes, la douleur sur son visage, soigneusement cachée derrière un masque de sourire et de douceur maternelle.
Il n’avait pas remarqué, jusqu’à ce qu’il rentre chez lui après avoir été expulsé de sa classe, et qu’il avait trouvé sa mère dans sa chambre, entrain de pleurer, le visage en sang.

“C’était qu’un accident.”

Le jeune homme tenta d’oublier ce qu’il voyait tous les jours dans la drogue et l’art, jetant des couleurs sur une toile comme il aurait voulu jeter des assiettes au visage de son beau père.
Un jour, il craqua. Il se rebella, et son beau père le frappa jusqu’à ce que son nez se brise et que ses oreilles sifflent, mais il ne s’était jamais senti aussi vivant qu’à ce moment là, allongé contre le sol de sa cuisine, à regarder son sang teinter le carrelage blanc de son sang.

You said you’ll never be forgiven till your boys are too
And I’m still waking every morning but it’s not with you

“Il est mort.”

Ari avait 22 ans, et sa mère était enceinte quand celle ci lui murmura la nouvelle, comme si elle allait se briser sous le poids de la douleur. Peut être que c’était ce qu’il s’était passé, car sa mère ne fut plus jamais la même après l’annonce de la mort de son mari. Une mort idiote, une mort bien trop douce comparé à ce qu’il aurait du subir pour ce qu’il leur avait fait subir.

Il aurait aimé lui dire. Lui dire qu’elle devrait être heureuse, heureuse d’être finalement libre. Pourtant, il savait que ça ne servait à rien.
Alors il lui prit la main. Il la tint tout le temps de son accouchement. Il se leva toutes les nuits pour serrer la minuscule vie qu’elle avait rammené dans ses bras pendant qu’elle reposait dans son lit comme si elle était déjà morte.
Un regard à cet enfant dans ses bras, et Ari avait jeté ses rêves à la fenêtre. L’argent hérité de son père et destiné à ses études étaient oubliés. Il prit un minuscule travail à une boulangerie, et il lacha ses pinceaux pour la farine. Il jeta son paquet de cigarette à la poubelle et fit les bagages de Bella et Kale quand sa mère fit sa première tentative de suicide.

And now I'm covered in the colors pull apart at the seams

“Maman”
“...”
“Maman, la vie est belle, tu sais… Un jour… un jour je te la montrerais sous un autre jour, je te le promets.”
“....”
“J’ai ouvert ma propre patisserie, tu sais. Ca marche plutôt bien. J’ai pu offrir son premier vélo à Kale pour son anniversaire. Il aurait préféré que tu reviennes à la maison.”
“...”
“Et Bella...tu serais fière, tu sais. Elle est si intelligente… je sais qu’elle ira loin Maman.”
*soupir*
“Reposes toi, maman… Reposes toi, et un jour on se retrouvera, je te le promet.”

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