Dans les rues de la ville, de petits événements étaient lancés pour tout l'été. Gregory les avait très vite vu s'installer étant donné les tournées matinales qu'il effectuait pour distribuer le courrier. Il avait donc aperçu les stands de glaces, mais comme il ne raffolait pas spécialement de cela, il avait porté son attention sur les pastèques à frapper. Il avait souri en regardant plusieurs parties se jouer avant de songer à s'y engager à son tour. Pourquoi pas ?
Trop d'événements se passaient dans sa vie en ce moment et il avait besoin plus que quiconque de se détendre, de tacher d'être un minimum sobre et de penser à autre chose. Surtout de penser à autre chose. Les flashs dans sa mémoire le hantait jour et nuit et il avait l'impression qu'il finirait complètement fou d'ici à quelques jours. Pourtant, cela faisait des mois qu'il tenait sur pieds - à quelques détails près.
Mais c'était à son tour maintenant. Il acquiesça aux explications qu'on lui donnait, demeura silencieux quand on lui banda les yeux et qu'on lui tendit une batte entre les mains. Il inspira un grand coup, sentant les regards dans son dos et les encouragements des inconnus. Cette sensation lui était étrange et bizarrement trop familière, mais il n'eut pas le temps de s'y intéresser davantage. Il leva sa batte en quête de la pastèque à frapper. Et le premier coup partit !

J'étais frustré. La pâtisserie avait eu un dégât des eaux durant la nuit et j'avais dû fermer, aujourd'hui. Des gens de l'assurance étaient venus pour prendre des photos ce matin et d'autres étaient arrivés pour réparer et m'avaient plus ou moins mis à la porte. J'étais très content de sortir, en réalité, je n'avais rien à faire à la maison et j'avais de la frustration à évacuer. J'avais l'impression que les ennuis n'arrêtaient pas de me tomber dessus depuis que j'avais été attaché à une folle, pour la saint Valentin. Ca avait commencé avec elle puis avait continué avec le client que j'avais frappé et maintenant ça... Je soupirais et ébouriffais mes cheveux en me promenant dans la ville. Je m'arrêtais soudainement en voyant un... stand, apparemment. Un stand pour détruire des pastèques. Je vis justement un homme - ne serait-ce pas le facteur...? - , les yeux bandés, en fracasser une du premier coup. Haussant un sourcil, je sifflais tout bas « Eh ben, ça doit pas être si dur que ça... » Je m'approchais de l'organisateur et annonçais ma participation. Quitte à n'avoir rien à faire et puisque j'avais de la frustration à évacuer... Autant l'évacuer de manière saine. Et légale. C'était toujours mieux qu'en poignardant Sun Hae, poussant quelqu'un au suicide ou tabassant un client... Une fois les yeux bandés et la batte à la main, je me positionnais en face de là où était la pastèque. Normalement. Je levais l'arme improvisée et, après une rapide inspiration, l'abattait de toutes mes forces.

Et c'était un échec. Le sol était bien trop dur et une vague de douleur remonta de la batte jusqu'à mes épaules et je ne pus retenir un petit gémissement de douleur. Puis, très vite, la douleur disparut pour laisser place à la frustration et l'agacement. Putain de pastèque de merde, si elle s'imagine qu'elle va longtemps rester entière... pensais-je en levant à nouveau la batte, me tournant légèrement sur le côté, priant pour que, cette fois, ce maudit fruit se trouve bien là. Prenant à nouveau une inspiration - et me tournant encore de quelques centimètres, au cas où - je rassemblais toute ma force dans mes bras et, me concentrant, l'abattais encore plus fort qu'avant.

Cette fois, j'avais bien senti que j'avais touché un truc. Je n'étais pas sûr qu'il s'agissait de la pastèque mais j'avais bien senti que j'avais touché quelque chose. Qui ne s'était pas cassé, cependant. Même s'il s'agissait d'un pied, d'un meuble, de n'importe quoi d'autre qu'une pastèque, rien à faire. J'avais juste envie de frapper quelque chose. Très très fort. « Foutu dégât des eaux et bâtiment de merde, tu vas voir quand tout sera réparé, tu vas morfler ! » marmonnais-je en relevant la batte, l'abaissant avec toute la force qu'il me restait, sans bouger d'un millimètre. Avec un peu de chance, la pastèque ne se casserait pas tout de suite. Ou bien ce sur quoi je tapais ne casserait pas tout de suite. J'en étais arrivé à un point où je voulais juste frapper quelque chose. Ne prenant pas le temps de prendre une inspiration, cette fois, j'abaissais directement la batte, fendant à nouveau l'air.

Spoiler:

Nouvel échec. J'avais beau bien aimer pouvoir me défouler, j'étais malgré tout agacé par mon échec. Mais il fallait positiver. Enfin essayer. J'étais presque à bout de forces et cette putain de pastèque devait avoir bougé pour que je frappe à nouveau le sol. Je n'avais pas bougé d'un seul millimètre, elle devait forcément avoir roulé. Ou sinon quelqu'un avaiot décidé de se mettre entre moi et ma pastèque. Ou bien je n'avais pas touché la pastèque. Ce qui était tout aussi plausible. J'espérais presque avoir frappé quelqu'un, la fois d'avant. Mais vu l'absence de cri de douleur, ça ne devait pas être le cas. Dommage. En attendant, je me déplaçais à nouveau, tournant légèrement en essayant de supposer où pouvait bien avoir passé la pastèque. Je levais la batte et l'abaissais sans prendre le temps de réfléchir. Et priant quand même pour frapper quelqu'un.

Spoiler:

Le sol rencontra ma batte et je soupirais. C'était décevant. J'aurais bien aimé frapper quelque chose. Allez, juste un tout petit pied qui traîne... S'il vous plaît... Je n'osais pas lâcher ma batte pour plaquer mes mains l'une contre l'autre afin de prier. Je savais très bien que je n'arriverai pas à retrouver ladite batte. J'arrivais déjà pas à toucher une pauvre pastèque alors retrouver ma batte... Je me tournais à nouveau, me concentrant au maximum et écoutant les bruits autour de moi. Je me tournais vers là où il semblait y avoir des personnes et levais à nouveau la batte, essayant de rassembler quelques forces en l'abaissant vers le sol. Et, peut-être, vers une nouvelle cible.

Spoiler:

J'avais à nouveau frapper quelque chose. Très bonne nouvelle. Bon, par contre, il n'y avait pas eu de cri de douleur, donc je devais avoir frappé soit la pastèque - de retour, celle-là ! - soit un objet. Donc forcément quelque chose d'inanimé. Dommage. Cette fois, je fus intelligent et je me décalais légèrement. A tous les coups, ce qui pouvait être la pastèque allait encore rouler et il fallait que je m'adapte si je voulais la toucher. Et la briser. Je n'étais plus sûr de vouloir la briser, en fait. Ca faisait du bien, de frapper comme ça, à l'aveugle. C'était fatiguant, certes, mais c'était une bonne fatigue. Je pris une grande inspiration puis levais la batte. Et l'abattais. Pour la sixième fois.

Spoiler:

« Eh ben voilà, quand tu veux ! » Je supposais toujours que j'avais touché la pastèque, il n'y avait toujours pas eu de protestations. Ce qui était quand même fichtrement dommage. Je ne pensais même pas aux gens qui devaient m'observer ou se moquer de moi. Je me vidais complètement, aussi bien physiquement que mentalement et ça faisait un de ces biens...! Bon, pas autant que quand j'avais frappé le client ou tué Byul et Hauru mais on s'en approchait. Je ne songerai cependant pas à une reconversion, le crime continuait de m'appeler. Ce n'était pas pour rien que je priais pour toucher un pied. Je me tournais encore une fois, la pastèque (ou l'objet) devait avoir à nouveau rouler. Je commençais à comprendre comment les choses fonctionnaient même si je n'avais plus beaucoup de forces. Mais je ne pensais pas que j'allais me tromper si souvent. Mais peut-être était-ce mieux ainsi. Je levais la batte à nouveau. Puis la baissais, le plus fort possible.

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