Ton regard ne quittait point la porte de ce magasin de luxe alors que tu attendais patiemment qu’une cliente en sorte. Cela faisait quelques semaines que tu suivais discrètement une jeune demoiselle, attendant l’occasion de pouvoir l’aborder. Oh, non pas parce que tu ressentais quelque chose pour elle mais c’était surtout pour qui elle était qu’elle t’intéressait. Tanaka Mina, la fille du maire de Kyul. Tu voulais l’approcher, essayer de la séduire parce que tu avais l’impression qu’elle pourrait t’être utile et, même si tu te trompais, tu voulais quand même essayer. De toute façon, tu ne risquais pas grand-chose à part peut-être réussir à arriver à tes fins alors, autant y aller.
Trouvant le temps long, tu regardas ton téléphone pour regarder l’heure, trouvant qu’elle en mettait du temps pour sortir. Tu ne comprendrais jamais les personnes qui pouvais passer autant de minutes et d’heures dans les magasins. Tu ne voyais pas l’utilité d’être aussi superficiel, tu ne voyais pas en quoi être à la mode pouvait être aussi important.

En voyant la porte du magasin s’ouvrir sur Mina, un fin sourire se dessina sur tes lèvres alors que tu enfouissais tes mains dans les poches. En faisant attention aux voitures, tu traversas la route pour suivre la demoiselle et, lorsque tu vis un foulard tomber, tu retins un sourire satisfait. Tu étais très bon lorsqu’il s’agissait de cacher tes émotions alors personne n’en verrait rien.
Pour éviter de que quelqu’un d’autre réagisse avant toi et te fasse perdre l’occasion d’approcher la jeune femme, tu accéléras le pas et te baissas rapidement pour ramasser l’écharpe. Naturellement, tu commenças à courir avant de poser sa main sur son épaule une fois à sa hauteur. Avec un sourire qui se voulait gentil, tu t’inclinas poliment avant d’expliquer la raison de ton geste.

« Excusez-moi de vous déranger mademoiselle, je vous ai vu perdre votre écharpe et j’ai pensé qu’il serait judicieux de vous la rendre, dis-tu en lui tendant l’écharpe. Surtout qu’elle ne m’irait pas au teint, ajoutas-tu pour plaisanter. »

A vrai dire, tu ne savais pas quelle couleur t’allait ou non au teint, toutes ces questions de style t’ennuyaient fortement. Pour toi, tant qu’un vêtement t’allait, que tu ne faisais pas sac à patate et que c’était confortable ça t’allait. Cependant, tu savais que cette fille pensait différemment alors tu t’adaptais.

« C’est dommage avoir un foulard de la marque Repetto aurait été classe mais comme je le disais, il ne me va pas au teint et c’est le vôtre. »

Tu ponctuas cette remarque avec un sourire avant de t’incliner une nouvelle fois. Tu passas ensuite ta main dans tes cheveux, sachant que, souvent, les filles appréciaient cela.

« Kim Yong Min, enchanté de faire votre connaissance. »

tenue • Sans emploi, Mina n’avait qu’une seule occupation de ses journées : le shopping. C’était un peu triste à dire mais sa vie se résumait à acheter toujours et encore des fringues pour ensuite les mettre dans son dressing et les oublier à l’intérieur. Parfois en rentrant chez elle, elle croisait des travailleurs pressé de rentrer chez eux et de retrouver leurs familles. Dans ses moments, Mina était jalouse. Ils avaient quelqu’un qui les attendait chez eux, elle non. Certes, la brune avait Macaron, son chien mais il commençait à se faire vieux. Les années avaient passé sans qu’elle les voit passé. Le chiot blanc qu’elle avait reçu à ses quinze ans avait bien grandit. Elle le savait, sa mort finirait par arriver, et à ce moment précis, Mina serait totalement et irrévocablement seule.

La solitude était-elle le point faible de la brune ? Mina ne le savait pas vraiment. Elle avait toujours eu l’impression d’avoir été seule dans sa vie.

La brune sortit d’un magasin pour se diriger vers un café non loin de là. Elle n’avait qu’une rue à traverser et quelques mètres à pied à faire. Pressé de retrouver la compagnie du chauffage électrique ou au sol -Mina ne faisait pas de racisme entre les types de chauffage à ce stade de l’année- , la brune ne remarqua pas son foulard doucement se défaire pour tomber parterre. A peine quelques seconde plus tard, une main vint se poser sur son épaule. Mina se prépara à piquer une soufflante quand elle vit ce que tenait son interlocuteur dans la main.

Son foulard.

Ce n’était pas n’importe quel foulard, c’était celui de sa mère. Il était passé de mode. Il était vieux. Mais c’était un des rares objets que sa mère lui avait laissé à son départ. La brune se stoppa net, faisant tomber son sac à main et le sac contenant ce qu’elle venait d’acheter. Elle ne baissa même pas pour voir s’ils n’avaient rien, tout ce qu’il lui importait c’était de ce foulard. Sans même un mot, elle arracha le foulard de la main du jeune homme, le noua autour de son cou, attrapa ses sacs et partit. Son interlocuteur était rester sur place surpris. Au bout de quelques pas, la brune s’arrêta, se retourna et se mit à marcher jusqu’au jeune homme. Elle s’arrêta devant lui et le regarda. Il n’était pas mal dans son genre, il était même mignon.

« - Le vert, commença Mina. C’est le vert qui te va. C’est la couleur fétiche des bruns. En hiver tu peux t’orienter vers du rouge du gris ou encore du noir mais jamais du blanc. »

Par contre, niveau vêtement ou même style, ça n’allait pas. Dans la vie, on ne pouvait pas tout avoir.

« - Au passage, continua Mina en souriant, ce n’est pas un Repetto mais un Kenzo . »

Cela avait fait toujours fait sourire la brune de voir des personnes essayer de l'impressionner sur des choses dont ils n'étaient pas familiers. Bizarrement ce type, elle l'aimait bien.

Ce qu’on ne pouvait pas nier c’est qu’en ce qui concerne la mode tu étais un novice mais c’était surtout parce que ça ne t’intéressait et que tu avais d’autres préoccupations. Par ailleurs, même si dans ce cas d’autres auraient pu comprendre, ça te dépassait qu’on puisse accorder autant d’importance à des choses aussi futiles et sans intérêt. Qu’est-ce qu’il pouvait y avoir d’exaltant à faire les magasins ? En quoi ça pouvait être plus satisfaisant que lorsqu’on trouvait une nouvelle formule de physique ? Non franchement, tu ne comprenais pas et, au fond, tu n’avais pas vraiment envie de comprendre. Tu n’étais pas toujours très ouvert d’esprit.
Cependant, pour éviter de blesser la jeune femme ou même de la faire fuir -ce que tu voulais éviter- tu ne fis pas par de tes pensées. Tu souris juste avant d’hocher la tête.

« Merci pour ces conseils, je pense qu’ils vont m’être utiles, dis-tu en sachant très bien qu’ils ne te seraient d’aucunes utilités. »

Néanmoins, même si tu ne t’intéressais réellement pas à la mode ni aux personnes superficielles, tu savais quelques petites choses concernant les marques de luxe. C’est pour cela que tu étais sûr et certain que ce n’était pas un Kenzo mais un Repetto surtout que ta tante appréciait la marque Kenzo alors tu savais très bien que tu avais raison. Tu ne savais pas si lui dire était une bonne idée ou non, tu avais un plan à réaliser et tu ne pouvais pas te permettre d’échouer. Tu ne pouvais plus te permettre d’échouer. Tu devais te faire discret sinon, Alexander risquait bien de se retrouver seul… Ce que tu préférais éviter parce que tu savais que ce n’était pas parce qu’il ne montrait pas ses émotions qu’il n’était pas sensible pour autant, n’est-ce pas ?

« Si vous le dites, c’est que vous devez avoir raison. Je n’y connais pas grand-chose aux vêtements de marques de luxe même si à une période j’ai côtoyé des personnes qui en ont porté et que j’en ai porté aussi. »

Pendant ton enfance, quand ton oncle et ta tante ne te confondaient pas avec leur esclave. Mais, ne voyant pas l’utilité de porter des habits de luxe, cela ne te manquait pas. Surtout que, en cuisine, tu risquais de les tâcher et ce serait de l’argent jeté par la fenêtre et, cela, même si tu étais prudent.
Un sourire sur les lèvres tu finis par te baisser pour ramasser les sacs de la demoiselle et y rangea soigneusement les affaires. Tu n’étais pas du genre à t’abaisser à cela mais les AOA voulait que tu sois comme ça, la réussite de ton plan aussi alors tu ne dis rien et tu le fis juste. Tu te relevas ensuite pour tendre les affaires à Mina.

« Tenez, vous avez l’air légèrement maladroite… Serait-ce moi qui provoque cet effet sur vous ? Demandas-tu avec un sourire qui était tout sauf moqueur. »

Tu ne savais pas comment draguer, tu essayais juste de faire comme tu avais vu en espérant que ça fonctionne.

tenue • Cette nouvelle rencontre se baissa pour attraper les choses que Mina avait abandonné sur le sol quelques minutes plus tard. Jusqu’à là, cela ne surprenait pas trop Mina. Ce fut autre chose quand il lui sortit une phrase vaseuse pour la draguer.

‘‘- Non mais je rêve ! s’écria Mina alors que le brun venait tout juste de lui donner ses affaires.’’

La brune roula des yeux pour voir ce que le garçon avait ramasser. Quelques crayons, un rouge à lèvre et une palette de maquillage. Ce n’était pas bien important. Elle lança les objets en l’air et manqua de peu d'assommer un pigeon qui n’avait rien demander. Ce dernier s'envola immédiatement vers un endroit plus sûr.

‘‘- Tu viens de me draguer là ? Demanda la brune en mettant les mains sur les hanches. Fait pas genre, je t’ai vu clairement me draguer !’’

La brune éclata de rire et du se rattraper in-extremiste sur la vitrine d’un magasin voisin pour éviter de se retrouver parterre. Tellement prise dans son fou rire, elle se mit à taper sur la vitrine attirant les regards surpris des clients à l’intérieur. La brune prit son temps pour reprendre ses esprits. C’est toujours en riant un peu qu’elle s’éloigna de la vitrine, pouvant maintenant tenir debout. Ca faisait un moment qu’elle avait pas autant ris.

‘‘- Toi ! S’exclama Mina. Toi, t’as de l’humour !’’

La brune lança en arrière ses cheveux avant de se dégageait le visage des cheveux gênant sa vue d’un geste expert et sûr.

‘‘- Je t’aime bien, confia sure d’elle Mina. Je suis Mina Tanaka, presque enchanté.’’

Il y avait une chose qu’on en pouvait pas enlever à Mina, c’était qu’elle était sûre d’elle.

Tu n’avais pas l’habitude de prendre des initiatives ou, plutôt, tu n’avais pas l’habitude de prendre ce genre d’initiatives. La drague, c’était réellement l’inconnu pour toi qui appris cela dans les livres et en regardant d’autres couples quand tu sortais. De ce fait, tu ne fus pas plus surpris lorsque Mina te démasqua et, poli, tu souris simplement en la voyant éclater de rire. Cette fille n’avait vraiment pas grand-chose dans la tête apparemment, ce qui t’arrangeait quand même parce que, même si elle semblait observatrice, ça ne changerait rien au fait qu’elle semblait manipulable. Tu te fichais réellement de ce qui elle était au fond, la seule chose qui comptait était ce qu’elle pouvait t’apporter. Toujours en souriant pour éviter qu’elle se rende compte de tes intentions, tu t’inclinas poliment.

« Kim Yong Min, enchanté quand même de faire votre connaissance Mina. »

En vérité, tu la connaissais déjà et savais qui elle était mais tu te gardas bien de le dire. Tu allas juste dans son sens, grattant l’arrière de ta tête en regardant les affaires éparpillées par terre. Tu pouvais sembler gêné mais au fond de toi, tu étais juste blasé mais pour savoir ça, il fallait être dans ta tête.
Tu ne laissais rien paraître. Tu avais appris à prendre sur toi.

« Vous voulez un coup de main pour ramasser tout cela ? Demandas-tu en montrant les affaires éparpiller. »

Tu ne relevais pas sur le fait qu’elle t’avait remarqué en train de la draguer, ça ne servait à rien à part tourner en rond. Par ailleurs, tu savais qu’elle avait un certain caractère et tu savais qu’il valait mieux l’avoir en amie qu’en ennemie alors tu faisais en sorte de ne pas t’attirer ses foudres et tu prenais sur toi.

Tenue • Le brun devant elle se nommait donc Yong Min. Mina cherchait ce nom ne lui disait rien. Elle connaissait pourtant pas mal de monde sur l’île. Certes, la plupart de ses personnes, elle entretenait des mauvais termes avec eux. Les gens sur l’île avait tendance à être susceptible.

‘‘- Pourquoi ramasser ? Demanda la brune. Si j’en ai besoin de nouveau, j’en rachèterais.’’

La brune se passa la main dans sa chevelure avant d’écraser un crayon qui était tombé de son sac. Tout cela elle pouvait le racheter. Tout cela elle pouvait le faire payer à son père. Tout cela représentait un dépense qu’il verrait au moment de lui verser de l’argent ou de vérifier son compte. Tout cela lui permettait d’exister aux yeux de son père. Elle remarqua à quelques centimètre du crayon qu’elle avait écrasé avec ses talons, une carte blanche. La brune cligna des yeux avant de se rappeler pourquoi elle avait cette carte. Elle se baissa rapidement pour récupérer cette précieuse carte qu’elle avait trouvé dans la forêt lors d’une nuit étrange. C’était une des seules preuves concrète montrant qu’il se passait des choses étranges sur l’île. En levant la tête elle remarqua que le regard du brun était braqué sur la carte qu’elle tenait dans la main. Doucement, elle la cacha dans la manche de son manteau. Elle fallait qu’elle fasse diversion.

‘‘- Comme tu m’es agréable, je t’invite au café du coin si tu veux ! Proposa une Mina souriante.’’

De toute façon Mina avait prévu de s’y rendre après son après-midi shopping. La brune lança une nouvelle fois en arrière ses cheveux avant de se dégageait le visage des cheveux gênant sa vue d’un geste expert et sûr.

Ce genre de personnes, tu avais beau en voir tous les jours au restaurant ou dans la rue, tu ne t’y faisais pas. Tellement superficielles à jeter l’argent par les fenêtres, à penser que tout leur était dû alors que non. Tu avais tellement galérer plus jeune que tu ne comprenais pas ce genre d’attitude, si tu avais eu le tiers de ce qu’elles avaient peut-être aurais-tu fait en sorte d’aider les autres ? Cependant, cela aurait été possible si tu avais eu de l’argent à cette époque et si tu n’avais pas vu la cruauté de l’homme et dont il pouvait faite preuve juste pour l’argent. La richesse n’était pas une bonne chose puisque certains pouvaient tuer pour elle. Néanmoins, tu ne fis aucune remarque pour ne pas mettre ton plan en péril, secouant simplement la tête avec un doux sourire sur les lèvres. Tu avais surtout fait cela pour éviter que quelqu’un tombe dessus et se fasses mal mais apparemment, elle s’en fichait. Triste monde.

« Si vous le dites, répondis-tu simplement. »

Baissant les yeux, tu vis une carte blanche ainsi que ce sigle que tu connaissais comme ta poche. Cette carte que tu avais si souvent utilisée lorsque tu te rendais au QG des AOA, quand tu étais encore un des agents de la ville. Comment pouvait-elle l’avoir en sa possession ? Elle ne pouvait pas être AOA, c’était sûr et certains, Alexander t’en aurais parlé sinon. Néanmoins, la jeune femme cacha la carte dans sa manche mais tu continuais de regarder sa manche pour ne pas attirer les soupçons. Tu relevas les yeux vers elle lorsqu’elle reprit la parole, hochant la tête à sa question, toujours en souriant.

« Si vous voulez, on peut y aller oui. Même s’il s’agit plus d’un salon de thé qu’un café. »

A savoir quelque chose de plus luxueux que tu allais payer en bon gentleman. Heureusement que tu avais de l’argent de côté pour ce genre de dépense.

« On y va ? Proposas-tu en lui proposant ton bras. »

Elle prenait ton bras tant mieux, elle ne le prenait pas, tant pis.

Tenue • Le brun eut à peine le temps de finir sa phrase qu’il se retrouva embarqué par Mina et ses talons en direction du salon de thé tout proche. Une fois à l’intérieur, Mina laissa à peine le temps au serveur d’effectuer ses salutations qu’elle prit place à table. L’interlocuteur de la jolie brune fixa un peu surpris son interlocutrice pendant qu’elle vérifiait son reflet à l’aide d’un couteau posé sur la table. Le serveur ayant voulu les accueillir quelques minutes plus tôt repassa et put enfin prendre presque normalement leur commande à son plus grand soulagement. Après un moment, la fille du maire posa l’objet servant de miroir, tout sourire, en voyant le regard de son adorable partenaire.

‘‘- Tu as entendu que j’étais une narcissique dénué de la moindre trace d’intelligence, non ? Demanda Mina. En faite … ce n’est pas un rumeur mais la vérité.’’

Autant commencer par le commencement !

‘‘- Je ne sais pas qui tu es pour ne pas m’avoir éviter comme les autres, continua la brune. Tu dois vouloir quelque chose. Les gens ne viennent jamais de bonne foi vers moi. Si prévisible ...’’

Ce genre de gens … Mina avait du apprendre à les identifier dès que son père avait obtenu le poste de maire. Ses camarades de classes s’étaient, sous les ordres de leurs parents, soudainement intéressé à elle. Mina était heureuse de cet intérêt, jusqu'à ce qu’elle se rend compte de la volatilité des liens construits. Pour eux, elle n’était qu’un moyen d’avoir une bonne position, d’avoir une réputation, d’avoir un réseau de relations. Depuis ce jour, Mina refusa d’avoir la moindre personne correspondant à la définition d’ami dans son répertoire téléphonique.

‘‘- Seulement, tu as ramassé mon précieux foulard, éclaircit-elle, celui de ma mère pour être plus précis, et pour cela, je t’en suis reconnaissante.’’

C’était bien la première fois qu’on rendait ses affaires à Mina. A vrai dire, quand elle laissait échapper quelque chose, personne ne le lui rendait. Dans la vie, il fallait mieux apprendre à se débrouiller seul. C’est la leçon qu’elle en avait tiré. Alors quand le brun se baissa et lui courra pour lui rendre son foulard, Mina lui en avait été profondément reconnaissante.  La personne se tenant devant elle, en jouant avec sa serviette, était forcément différent des autres. Elle voulait croire en lui.

''- Alors, merci de me tenir compagnie pour ce thé, finit Mina.

La peste finit tout juste à temps sa tirade. Le serveur venait d'arriver avec leur commande. Le thé au jasmin de Mina et les gâteaux assortis faisaient déjà de l'oeil à la brune avant même qu'ils ne soient posé sur la table.

Alors que cela faisait des semaines que tu cherchais à aborder Mina, une occasion se présenta enfin à toi et tu la saisis très rapidement. Tu ne pouvais pas la laisser passer. Assez chanceux, tu avais ramassé un foulard qui semblait représenter beaucoup à ses yeux et elle t’avait proposé d’aller prendre le thé avec elle. Poliment, tu acceptas son invitation et tu réussis à la suivre jusqu’au lieu, comme quoi c’était utile de travailler dans une cuisine en tant que chef puisque tu courrais souvent pour faire et aider à faire les plats. Arrivés dans le salon de thé, la jeune femme ne perdit pas de temps avec les salutations alors que tu t’inclinais rapidement face au serveur avant de t’installer en face de Mina qui mirait son reflet dans un couteau. Même si tu n’étais pas surpris par son attitude, tu affichas quand même cette expression sur ton visage, voulant paraître naturel avant de te reprendre lorsque le serveur arriva, commandant un thé menthe-ananas. Lorsque la jeune femme commença à parler, tu l’écoutas attentivement tout en hochant la tête sans rien dire, hochant simplement la tête. Ce ne fut que lorsqu’elle eut terminée et que les commandes furent sur la table que tu lui répondis.

« J’ai entendu parlé de ces rumeurs oui, mais même si vous me dites que c’est la vérité, je ne vous crois pas. »

Tu lui souris gentiment avant de regarder si le thé était infusé avant de reporter ton attention sur Mina, lui expliquant pourquoi tu ne la croyais pas.

« Si vous étiez vraiment égoïste et dénuée de toute trace d’intelligence, on ne serait pas là à boire un thé et vous ne m’auriez pas raconté l’histoire de ce foulard. Je pense qu’au fond, vous êtes une personne sensible mais vous ne voulez pas le montrer, ce que je peux comprendre avec le statut de votre père. Les gens sont pires que des rapaces, ils ne sont qu’attirés par l’argent et par rien d’autre. »

En disant cela, tu avais pensé à ton oncle et à ta tante qui avaient tués tes parents sans états d’âmes, juste pour récupérer l’argent de l’héritage. Ils se fichaient de faire de toi un orphelin et ils aimaient t’exploiter pour leur bénéfice personnel. Mais tu savais bien une chose, l’argent ne faisait pas le bonheur. La finalité de cette affaire en était la preuve.

« Mais vous savez, tôt ou tard, ces gens qui vous approche dans le but de se servir de vous connaîtront le revers de la médaille. La culpabilité finira par les rattraper… A moins que ce soit des réelles ordures. »

Ce côté associable, n’aimant pas trouver du bon en l’être humain était assez naturel. Tu avais une basse estime de l’être humain.

« Pour le thé, c’est un réel plaisir d’être ici. J’en avais entendu parlé mais je n’avais jamais eu l’occasion de venir et l’endroit me semble vraiment très bien alors, merci à vous et content d’avoir pu vous rendre heureuse en vous ramenant ce foulard, dis-tu en te servant une première tasse de thé. »

Même en te regardant droit dans les yeux, personne ne pouvait savoir qu’en vérité, tu étais juste satisfait d’avoir pu l’approcher. Rien ne te trahissait.
Tu désignas ensuite les gâteaux à Mina pour qu’elle se serve avant d’en prendre un à ton tour, prêt à écouter ce qu’elle avait à dire.

Tenue • Le sourire espiègle de Mina tomba en entendant ses mots, plus exactement il se fissura. La jeune femme s'immobilisa. C’était la première fois que quelqu’un prenait la peine de lui dire. D’habitude, on la jugeait trop frivole pour pouvoir pour les comprendre. Pourtant elle avait tant voulu les entendre.

‘‘-Les gens sont pire que les rapaces, ils ne sont qu’attirés par l’argent et par rien d’autre.’’

Comment pouvait-elle nier cela ? Toute sa vie, on avait essayer de l’utiliser. Ses camarades de classes se montraient incroyablement sympathique à son égard. Les enseignants se montraient étrangement bienveillants. Les collaborateurs de son père avait toujours une sucrerie pour elle. Son monde était rempli de sourire bienveillant et de sympathie à son égard. Elle y avait cru à ce conte de fées, seulement il se brisa en entendant ses camarades parlaient dans son dos, il se brisa quand son regard d’enfant décrypta l'hypocrisie l’entourant.

Le soir en rentrant chez elle, la jeune Mina avait claquer la porte de sa chambre surprenant sa mère tranquillement installé au salon. Enfermé dans son cocon, le monde lui était devenu soudainement bien hostile. La vérité l’avait rattrapé. Ce monde était trop hostile pour elle. Sa seule solution pour survivre était de sembler plus hostile que lui. C’est ainsi qu’elle retourna fièrement dans sa classe le lendemain pour tirer les cheveux de ses anciennes amies. Au fil des ans, plus personne n’osait vraiment l’approcher. On la disait exubérante, folle, égocentrique, narcissique. N’était-ce pas plutôt ceux la pointant du doigt qui confondait sa personne avec leurs reflets ?

Seule contre tous, Mina avait fini par s’habituer aux regards, aux sourires au coin, à toutes ses choses lui donnant envie de retourner s’enfermer dans sa chambre. Elle avait appris à les comprendre. Comment pouvait-ils apprécier une personne telle qu’elle ? Elle même haïssait ce qu’elle était devenu. Se morfondre dans son lit aurait été plus facile que d’affronter chaque jour le jugement des passants. La faiblesse ne faisait pas partit de son vocabulaire. Pour survivre, il fallait être forte. Pourtant, en entendant son interlocuteur lui dire ses mots qu’elle avait tant voulu entendre, elle ne put retenir une larme.

‘‘- Ah … que faire ?’’

C’était la première fois depuis le départ de sa mère que Mina pleurait. Cela devait même la première fois qu’elle pleurait publiquement. La brune s'essuya rapidement la joue en essayant de reprendre consistance. Sa fourchette se fraya un chemin jusqu’à un bout de gâteau qu’elle s’empressa d’avaler.

‘‘- Ce gâteau est vraiment excellent !’’

La brune se permit de boire un peu de son thé, tout en évitant le regard de son interlocuteur encore quelques peu mal à l’aise.

‘‘- Je ne crois pas en l’être humain. De tout les êtres de ce monde, il est le plus immonde. Imperméable à tout bonheur simple, il se complait à détruire ses semblables. La culpabilité n’est qu’un mot pour exprimer un sentiment ne touchant que les plus faibles d’entre nous. Ce sentiment n’a pas sa place pour ceux voulant survivre. ’’

Mina reprit une nouvelle gorgée du liquide ocre.

‘‘- Quand à savoir qui est une ordure et qui ne l’est pas dans ce monde, il est bien difficile de le déterminer. ''

Le plus simple était de considérer que tout le monde en était une. C’est ce que faisait Mina depuis des années maintenant. Rare était les personnes pouvant échapper à cette classification. Pourtant, elle n’avait pas l’impression que la personne assise devant elle pouvait être associer à ce mot.

‘‘- Pour survivre, nous n’avons plus le choix. Nous devenons des monstres. Parfois je me surprends à me dire que les bêtes sont bien plus humaines que nous. Heureusement que nous sommes civilisés ...’’

Polir son apparence, pour mieux détruire son adversaire, c’est ce qu’avait appris Mina. Les personnes semblants les plus élégantes avaient les méthodes les plus sauvage pour se débarrasser de ce qui ne leur était plus utile. La terrible loi de la jungle s’appliquait jusqu’au sphère les plus imminentes.

‘‘- Encore un peu de thé ?’’

Il fallait bien qu’il y est une remarque un peu superficielle dans cette conversation étrangement dense.

Contre toute attente, tu avais réussi quelque chose qui pouvait relever de l’exploit puisque Mina avait montré des sentiments comme des larmes. Néanmoins, plutôt que de t’en réjouir, tu ne fis rien pour une raison. C’était la compréhension. Au fond, on devenait ce que l’on était pour une raison particulière, un résultat du passé qui nous conduit à être quelqu’un. Malgré ce raisonnement plutôt censé, faisant presque croire que tu comprenais les criminels, il fallait discernait une chose : tu ne cautionnerais jamais leur comportement. Se forger une carapace, une identité, d’accord, mais détruire les autres jusqu’à leur ôter la vie, jamais. Alors oui, peut-être que pour la première fois de ta vie, tu trouvais une autre personne que Alexander qui susciter ton intérêt alors, qu’au départ, tu l’avais approché dans le but d’arriver à tes fins. Mais son discours avait eu le don de te faire un peu changer d’avis.
Sans rien dire, tu écoutas attentivement ce que la jeune femme disait, trempant tes lèvres dans le thé, hochant parfois la tête pour dire que tu suivais. Elle n’avait vraiment rien à voir avec les rumeurs, elle était loin d’être aussi bête ou hypocrite qu’on pouvait le penser, elle se cachait simplement derrière une carapace pour éviter de se faire marcher dessus. Pour éviter de souffrir. Tu étais d’accord avec ce qu’elle disait, toi-même, tu avais toujours pris soin de ne pas t’attacher à quelqu’un, d’être toujours hypocrite sauf avec ton colocataire qui te ressemblait sur ce point. Ayant fini la boisson, tu reposas la tasse, posant ses coudes sur la table pour mettre ton menton sur tes mains entrelacées. Ce qu’elle disait était vrai, c’était presque perturbant d’entendre tout ça de sa bouche mais, finalement, ce n’était pas surprenant. Ça expliquait son comportement parfois hautain.

Avec un sourire plutôt gentil, tu approchas ta tasse en hochant la tête.

« Je veux bien oui, s’il te plait… Je pense que je peux te tutoyer, non ? »

Après tout, c’était ce qu’elle faisait depuis le début, et vu la tournure que la conversation avait prise, c’était certainement un juste retour des choses…

« Je ne crois pas non plus en l’être humain, les coups bas, l’hypocrisie, l’absence de sentiments, tout ça, ça le connait. Il est prêt à faire du mal à sa propre famille rien que pour arriver à ses fins ou salir un autre nom que le sien. »

Le souvenir amer de ton oncle et de ta tante tuant tes parents était sous-entendu mais elle ne pouvait s’en douter.

« Et tu n’as pas tord sur un point : l’homme est un monstre. Nous sommes des animaux, à la différence que nous sommes civilisés et ça, Aristote lui-même le disait. L’homme est un zoon polikon… Et c’est peut-être ça, qui fait de nous des êtres ainsi… C’est peut-être ça qui causera notre perte un jour, cette fameuse civilité. »

C’était étrange, comme si cette conversation, les amenaient à se comprendre, à trouver en l’autre une personne qui ressemblait un peu à l’autre. Tu restais méfiant quand même en te disant que ça pouvait être une ruse pour te piéger ensuite tout en continuant de jouer avec le feu. Au pire du pire, tu pourrais toujours dit que tu avais voulu suivre le mouvement.

« Mina, je tiens à dire que tu es bien différente de tout ce qu’on peut raconter sur toi. Derrière cette carapace, se cache un cœur qui bat, un cœur qui veut simplement être laissé tranquille, qui ne veut pas souffrir. »

Tu lui offris un sourire avant de recommencer à boire le thé puis manger le gâteau que tu n’avais pas encore touché jusqu’à présent.

« Cet endroit fait vraiment de bons gâteaux et de bons thés, c’était vraiment une bonne idée de venir ici… »

Et ça avait encore une meilleure idée d’approcher la demoiselle au vu de ce qu’il avait appris sur elle, ce qui la rendait plus intéressante que ce qu’il avait pensé au départ.

Tenue • Le monde semblait plus simple en prenant de la hauteur. C’était ce qui se disait. Mina, elle, avait préféré vive dans sa propre bulle coupé la plupart du temps du monde réel. C’était plus confortable ainsi à vrai dire. La vie lui avait apprise à être forte et elle la remerciait pour ça. Gracieusement.

Yong Min lui demanda s’il pouvait la tutoyer. Elle n’en vit pas d'inconvénient. La brune se contenta d’hocher de la tête, parfois, au dire du jeune homme. Cela serait en effet plus simple si au lieu de construire un mur entre sa famille et les autres, on le construisait entre soi et sa famille. Cela résoudrait beaucoup de choses. Puis elle se rendit compte de ce qu’elle venait de faire. Elle venait de ruiner son masque, son image, et son interlocuteur l’avait très bien vu. Il avait vu que Mina Tanaka était plus dangereuse qu’on ne le pensait. Aussi moins idiote qu'on ne le disait. Pour le première fois, on avait vu clair dans ce jeux et cela avait le don de l’agacer fortement. La fourchette de la brune s'abattit dans son assiette créant un bruit sourd et désagréable.

‘‘- Je crois que nous nous sommes mal compris. Je ne suis pas là pour faire de la philosophie en citant des gens trois mètres sous terre. Dire des répliques de films tout en faisant du populisme de bas étage, est tellement plus facile de se servir de sa tête de nos temps. Je pense personnellement que c’est un moyen de saluer les personnes que nous considérons comme inférieur.’’

Comme lui. En tout cas, c’est ce qu’elle aimerait qu’il comprenne.

‘‘- Non … tu n’aurais quand même pas cru en ses paroles si creuses que je viens de prononcer ?’’

La brune eut un rire avant de réunir ses affaires. Cette mascarade avait duré bien trop longtemps à son goût. Cette mascarade avait duré bien trop longtemps à son goût.

‘‘- Tant d’idiotie, m’a coupé l’appétit. Désolé.’’

Sa serviette s'abattit sur ses lèvres enlevant toute possible trace de repas de ses dernières. Sans un mot supplémentaire, la brune partit payer la note à la caisse bien décidé de partir au plus vite.

Mina était une personne qui pouvait être surprenante comme totalement prévisible et l’entrevue que tu avais pu avoir avec elle t’avait permis de mieux la cerner. En effet, cette fille était intelligente mais aussi plutôt naïve et agissait avant de réfléchir. C’est pour cela qu’elle pouvait se montrer parfois blessante quand on n’essayait pas de la comprendre et qu’elle pouvait se montrer profonde d’esprit quand on allait dans son sens avant qu’elle se rende compte de ce qu’elle était en train de faire. Tu croisas les bras avec un sourire amusé sur le visage tout en observant la place libre face à toi, repensant à tout ce qui s’était passé un peu avant. Oui, cette fille était plus prévisible que ce qu’elle laissait penser et c’était génial. Elle croyait vraiment que tu l’avais mal comprise, que tu n’avais pas vu ce qu’il y avait à voir alors que si, tu avais eu la réponse à tes question. Tu l’avais laissé partir en inclinant légèrement la tête, sans jamais rien répondre à ses paroles comme si tu étais gêné alors que tu étais juste inintéressé. Elle ne te servait plus à rien pour aujourd’hui. Tu levas les yeux afin de regarder l’heure et te levas avant de récupérer tes affaires. Tu allas ensuite régler ta part puis rejoints l’extérieur pour rentrer chez toi après avoir fait quelques courses.
Sur le chemin, tu envoyas un message à Alexander pour lui demander s’il rentrait ce soir afin de pouvoir préparer le repas autour duquel tu lui parlerais certainement de Mina, ce que tu savais sur elle et que vous puissiez voir si elle pourrait vous être utile dans le futur. Autant dire qu’avoir un colocataire qui fasse office de meilleur ami était une chose formidable, tu n’avais pas besoin de te déplacer ou d’attendre trop longtemps pour lui parler. Tu rentras chez toi, se débarrassa de tes affaires pour prendre une douche et être plus propre avant de faire le dîner. Tu souris en commençant à préparer celui-ci alors qu’une phrase tournait en boucle dans ton esprit.

« Tanaka Mina, there is no place for chance. »