Making mistake is human

ft. Tanaka Mina

Un jour de plus venait de commencer et Gregory, en bon facteur qu'il était, venait de grimper sur son vélo pour débuter sa tournée. Il avait passé pas mal de temps à trier ses courriers, par nom, par lettre alphabétique et maintenant que le jour se levait tout juste, il pédalait en sachant déjà dans quel secteur il devait se rendre. Il agissait sans se préoccuper du reste, sans se poser de questions tant tout cela était naturel pour lui de faire ce travail depuis des années... Mais c'était bien là le problème, n'est-ce pas ? Car depuis ce "flashback" apparut quelques semaines auparavant, Gregory avait comme l'impression de ne plus appartenir nulle part. D'où venait-il ? Qui était-il vraiment ? Il avait fini par pousser le raisonnement jusqu'à un stade où lui-même était incapable de se prononcer. Alors il continuait de pédaler, d'appuyer ses pieds sur ces foutues pédales.
Finalement, il arriva dans le quartier d'Iwamune. Ce n'était pas la première fois qu'il arrivait jusqu'ici. En tant que facteur, il connaissait la ville comme sa poche voire deux fois mieux encore. Iwamune était un quartier plutôt animé et qui voyait vivre en son cœur des personnes relativement fortunées. Ce n'était pas le secteur le plus apprécié de Gregory, mais celui-ci ne se plaignait pas puisque vu l'heure matinale, peu de monde vagabondait dans les rues. Il s'arrêta dans un premier pâté de maisons, distribua ses lettres et remonta sur la selle de son vélo. Quand est-ce que tout ceci se stoppera ? Ses maux de tête. Ses vertiges, parfois. Et puis... sa propension à noyer tout ceci dans l'alcool. Sans doute aussi son étourderie puisqu'il ne se rendit pas compte, au pied d'une résidence, qu'il venait de déposer une lettre dans une boîte aux lettres qui ne portait pas le même nom.
Gregory était perdu dans ses pensées, dans ses idées. Et si quelque chose clochait vraiment ? Mais ce n'était pas de lui dont il s'agissait. Non, ce n'était pas de lui. Lui, il allait très bien. Il était juste en train de se rappeler de plusieurs événements qu'il ne croyait pas être les siens. C'était si étrange que cela ? Il n'entendit pas les pas qui approchaient pour venir récupérer son courrier.

Making mistake is human

ft. Tanaka Mina

Tenue ◊ Le soleil n’était pas encore totalement là mais la nuit semblait disparaître de l’horizon. C’était ce qu’on appelait communément l’aube. C’était à cette période de la journée que la majorité des habitants de Kyul se réveillait. Pourtant ce n’était pas le cas de Mina Tanaka. La fille du maire avait passait la nuit à fouiller les archives de la Mairie et notamment les registres de l’État-civil. Depuis qu’elle avait trouvé cette pièce secrète dans le bureau de son père, son envie de découvrir la vérité sur ce dernier n’avait été que renforcer. Une fois fait, elle pourra le confronter et enfin savoir qu’est ce qui était si important dans son foutu poste pour négliger sa famille !

Malheureusement, ses recherches nocturnes n’avaient rien donné. Elle était peut-être sur une fausse piste ? Ce fait l’avait plutôt énerver. En arrivant dans l’entrée du complexe d’appartement où elle logeait, elle croisa ce qui semblait être le facteur du secteur. La brune ouvrit rapidement sa boite au lettre pour trouver encore des erreurs dans son courrier. Sa mèche rebelle virvolta soutenu par son souffle. Ce facteur allait se voir expliquer certaines choses.

‘‘- Hé !’’ appela la brune.

Le facteur qui venait de finir de distribuer le courrier dans le hall, se retourna.

‘‘- Tu le fais exprès d’être idiot ou c’est un trait de naissance ? Demanda mauvaise le brune. C’est la troisième fois que je me retrouve avec le courrier d’un étranger dans ma boite au lettre. Ca fait trois fois de trop là !’’

Pour appuyer ses dires, la brune fourra le courrier sous le nez du facteur. Mina avait-elle vraiment la tête d’une personne s’appelant Takana ?

‘‘- Ta.ka.na, épela Mina. Ta.na.ka. Y’a rien en commun !’’

Dans le service public, y’en avait vraiment aucun pour rattraper l’autre.

Making mistake is human

ft. Tanaka Mina

Gregory était perdu dans ses pensées depuis un petit moment quand il entendit des pas, puis le son d'une voix. Machinalement, le jeune homme se retourna pour apercevoir une demoiselle qui ne semblait pas tout à fait ravie. Il dut contenir un soupir en reconnaissant sans le moindre doute possible la fille du maire qui avait fait son cinéma le jour du bal de Noël et la laissa s'exprimer... Ou plutôt exprimer tout le mépris qu'elle possédait à son égard et agiter la lettre sous son nez. Mais... est-ce qu'elle était vraiment sérieuse ? Est-ce qu'elle s'entendait parler ? Il n'y avait clairement rien d'autre que du mépris, encore et toujours plus, qui sortait de la bouche de cette fille.
Agacé, le métisse saisit assez fermement la fameuse lettre polémique des mains de son interlocutrice pour la replacer dans la bonne boîte aux lettres.

« Et j'imagine que c'est trop compliqué pour toi de la mettre dans la boîte d'à côté ? ironisa-t-il. Tendre le bras est si difficile ? Ah, pardon, rit-il légèrement, il ne s'agit là que d'une lettre et non d'un sac dans lequel tu peux fouiller. »

Et les deux pieds dans le plat ! Mais c'était voulu, clairement voulu parce que Gregory ne pouvait pas ne pas revenir sur l'incident de la fête dernière. Il avait trouvé cela tellement ridicule... D'accord, c'était une femme, d'accord, elle aimait prendre soin d'elle, mais il était loin d'être d'accord avec son comportement hautain tout cela parce qu'elle était la fille du maire de cette ville. Ils ne se connaissaient pas plus que cela, Mina et Gregory, mais elle ne se gênait pas pour le traiter d'idiot en plus de le tutoyer. Qui avait donc pu apprendre les bonnes manières à cette demoiselle ?
Revenant vers son sac de lettres pour reprendre son travail, il sentit néanmoins des yeux meurtriers plantés tout droit dans son dos. Sans se démonter, il la regarda à son tour.

« Tu veux ma photo peut-être ? A moins que ta gentillesse ne se propose pour m'aider à distribuer le courrier à ma place. »

En temps normal, l'américano-japonais n'était pas tout à fait ainsi, dans la provocation. Cependant, depuis ses maux de tête incessants, ses "rêves" particuliers, il n'était plus vraiment le même. Alors si, en plus de ses problèmes personnels, des événements extérieurs continuaient de l'ennuyer, il ne pouvait faire qu'une seule chose : répliquer.

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ft. Tanaka Mina

Tenue ◊ Mina se massa la tête. Pourquoi elle se retrouvait avec des personnes chiantes ? Ce n’était pas possible dans Kyul de trouver des individus tolérants. Elle allait vraiment se le faire le petit. Il allait regretter d’avoir croiser son chemin !

‘‘- C’est incroyable comme mes mains peuvent être attirer par les jolies choses, rétroqua Mina. Dommage qu’elles ne soient pas attirer par le travail … Ah ! J'oubliais ! J’ai pas besoin de bosser ...’’

Le facteur ne l’écouta même plus et commença à se diriger vers son sac de lettres. Mina en fut bouche bée. Clairement son interlocuteur allait partir sur autre chose la laissant là. On lui faisait la morale sur sa politesse alors que des gens comme ça … Oh ! Elle allait vraiment devenir folle !

‘‘- Ta mère t’a jamais appris à regarder les gens quand ils te parlent ? Questionna la brune.’’

Aucune réponse. Elle fusilla son dos. Mina n’avait plus le choix. Elle posa sa main sur l’épaule de son interlocuteur pour qu’il se retourne. Ce dernier l’air de rien répliqua sous ses yeux méduser.

‘‘- Je n’ai pas de temps à perdre avec toi. C’est la différence entre toi et moi, tu vois ? Enfin, non tu ne dois pas comprendre ça.’’

Le doigts de la brune firent leur chemin jusqu’au visage du blond. Pas sûr qu’il aime se faire tirer les joues. Pas sûr non plus qu’il apprécie voir Mina prendre un ton mielleux.

‘‘- Pauvre chou, ça doit être dur, hein ? De ne pas être né comme moi avec une cuillère en argent dans la gueule, ou sans parents, enfin je sais pas parce que je m’en fout de ta vie minable en faite.’’

Mina sourit l’air mauvaise avant de faire quelques pas en arrière et de chercher dans son sac son rouge à lèvres. Ses mains trouvèrent autre chose de beaucoup plus intéressant, l’argent qu’elle venait de retirer de la banque. Elle leva les yeux vers le facteur, pour finalement se diriger vers son enveloppe un air de peste sur le visage. Quelques billets furent arracher de leur confrères et jeter au hasard dans le hall.

‘‘- J’imagine que dans la fonction public, râla la brune, vous ne pouvez pas travailler correctement sans qu’on vous paye en contrepartie. C’est de ma faute. J’ai encore mal compris le service public. En attendant, plus d’erreur, ok ?’’

Mina rangea sa précieuse enveloppe en chantonnant. Cet après-midi, elle pourrait s’acheter ces nouvelles bottes qu’elle avait vu dans la new’sletter de son magasin préféré. Cette journée s'annonçait être une bonne journée. La brune fut malheureusement trop admirative de son reflet dans sa boite au lettre pour voir le facteur blond. Elle aurait peut être du faire plus attention.

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ft. Tanaka Mina

Non, en temps normal Gregory n'était pas du tout comme cela, mais la demoiselle qui lui faisait face était loin de lui rendre les choses faciles. Pour qui se prenait-elle sur ses hauts talons perchés ? La reine du monde ? Gregory aurait aimé se mettre à rire pour se moquer d'elle, mais il trouvait cette situation tellement pathétique qu'il en eut presque le souffle coupé. Ah, Tanaka Mina... A vrai dire, elle ne lui était jamais vraiment revenu, mais n'étant pas du genre à se fier à une première impression, le facteur n'avait pas eu de jugements vis-à-vis d'elle - ou disons qu'il s'était bien gardé de les conserver pour lui. Sauf qu'aujourd'hui, ce matin-là, elle était en grande forme et semblait bien décidée à lui en faire voir de toutes les couleurs.
Le jeune homme ne put s'empêcher de la comparer à Sora, cet enfant de riche qui se pavanait lui aussi plus ou moins de la même manière, en médisant ceux qui n'étaient pas de son rang. Mais où était le problème ? Chacun avait son métier, chacun faisait comme il pouvait, et Gregory ne s'en plaignait pas. Il aimait la liberté que lui offrait l'aube, ben que son vélo soit un peu trop coloré à son goût. Il voulut donc reprendre ce pour quoi il était quand il sentit une main sur son épaule, puis venir se faufiler sur son visage pour lui tirer les joues. Mais c'est qu'elle était sérieuse en plus ?!

« Dégage de là, je te promets, dégage de là et ne t'avise pas de me toucher encore. »

Il l'avait fusillé du regard, sifflant presque comme un serpent derrière ses dents, mais la riche fille du maire ne paraissait pas s'en surcharger. C'était dur pour Gregory de se retenir. Il sentait la colère parcourir tout son corps, remonter dans chacune de ses veines pour alimenter chacun de ses muscles. Il n'allait tout de même pas frapper une fille... si ? Si. Il la frapperait si elle continuait de le provoquer à balancer son argent devant son nez, croyant sans doute qu'il irait jusqu'à les ramasser et baiser ses pieds en la remerciant. N'avait-elle jamais reçu la moindre éducation ?
Le facteur prit sur lui, inspirant une longue bouffée en rangeant ses lettres dans son sac tandis que son interlocuteur tournait les talons. Il voulait laisser passer cet affront, vraiment, mais quelque chose tout au fond de lui lui fit dérailler les pédales dans tous les sens possible du terme.

« Eh ! la héla-t-il en la rattrapant par l'épaule comme elle avait bien pu le faire un instant plus tôt. De un, je n'ai pas besoin de ton argent sali. De deux, tu n'es qu'une égoïste petite fille capricieuse et prétentieuse. Et de trois... »

Son poing partit se ficher sur le visage de la jeune femme, peut-être avec plus de violence que l'américano-japonais ne l'aurait soupçonné. Il vit sa lèvre gonfler, puis, ensuite, il fut aveuglé par une sorte de rage qui le dirigea, par chance, à cogner contre une boîte aux lettres au hasard. Sa migraine le reprenait et il avait l'impression qu'il finirait par vomir.

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ft. Tanaka Mina

Tenue ◊ Mina exagérait parfois. Mina exagérait toujours. Jouer avec les limites des autres était sa spécialité après tout. Que pouvait-elle faire d’autre pour exister ? Sa mère ne la regarderait plus. Ses amis étaient inexistant. Son père n’en n’avait que faire d’elle. Mina fut surprise de voir dans le reflet de sa boite au lettre la figure du facteur. La brune se retourna immédiatement prête à retourner à l’attaque au sein de la joute verbale qu'ils avaient commencé ensemble.

‘‘-  Quoi encore ? Réclama t-elle.’’

Sauf qu’elle n’eut pas le temps d’être à l’attaque. On lui envoya un poing direct dans sa mâchoire. Sous le choc, sa tête fut propulser contre la colonne de boite aux lettres en métal. Les yeux écartés par la terreur, elle distingua le poing de son agresseur se figeait quelques centimètres au dessus de sa tête. Cet homme avait le regard d’un homme qui avait perdu la raison. La brune était complètement tétaniser. Cet homme était fou, complètement fou. En relevant la tête, elle fixa ce facteur, ce fou, toujours le poing prit dans la taule de la pauvre boite aux lettres s’étant faite fracasser.

Toute personne logique aurait crier à l’aide. Mina savait très bien que si elle l’avait fait, personne ne se serait dépêcher. La brune allait devoir se débrouiller seule, comme elle l’avait toujours fait. Le temps de la peur était terminé. Mina se jeta sur son agresseur, avec sa pochette comme seule arme, et n’eut le temps de faire que quelques claques avec. De retour dans le monde réel, son agresseur et accessoirement facteur, se débarrassa de sa pochette d’un revers. Un nouveau coup de poing fit son apparition dans la figure de la brune. Elle se retrouva de nouveau contre les boites aux lettres métalliques, qui lui permirent de se rattraper au moins sur quelque chose. Trop sonné pour pouvoir comprendre pleinement ce qui se passait, elle donna un coup à la tête de son adversaire avant de se faire éjecter parterre par un mouvement qu’elle n'arriva même pas à distinguer. Le sol était froid. Elle ne s’était jamais rendu compte. Elle ne s’était non plus jamais rendu compte que son champ de vision était aussi étroit.

‘‘-  Monstre, murmura t-elle.’’

Les couleurs se mélangeait, seul le rouge semblait être fixe. La force de lever la tête pour le fusiller du regard l'avait quitter. Tout ce qu'elle pouvait faire était fixer ses pieds devenir de plus en plus flous, engloutis dans un monde de ténèbres. Ensuite, ce fut le noir complet.

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ft. Tanaka Mina

Il ne savait pas ce qui avait bien pu se passer durant les quelques minutes durant lesquelles il avait un peu perdu les pédales. C'était un moment où il était incapable de dire ce qui lui avait traversé l'esprit, ce qui avait réellement déclenché cette vague de violence et encore moins pourquoi il n'avait pas pu se contrôler de frapper cette demoiselle. Gregory venait de cogner sur une femme pour la première fois de sa vie - aussi loin qu'il s'en souvienne. Mais le pire dans tout cela c'était qu'il s'en sentait soulagé. Il n'était pas coupable, mais bien soulagé de lui avoir fait fermer sa bouche. De la voir allongée là, contre les boîtes aux lettres, à demi-consciente. Que devait-il faire, là ? Demeuré les bras ballants ? S'approcher d'elle et la relever ? Non, certainement pas.
Il la voyait respirer. Certes, elle respirait avec quelques difficultés dues aux coups et à la peur qu'elle venait d'avoir, mais elle respirait. Elle connaissait également qui il était et quand elle se remettrait debout, Gregory se disait qu'elle pourrait user de son influence pour lui tomber dessus et lui créer des problèmes. Porterait-elle plainte ? Le cerveau du facteur était en effervescence, en effusion même et il tournait et retournait dans cette cage d'escaliers avant de se hâter à l'extérieur pour remonter sur son vélo jaune. Il ne pouvait pas rester ici. Il ne pouvait pas comprendre. Sa main droite, celle avec laquelle il avait cogné la fille du maire de la ville, le chauffait légèrement. C'était une scène qu'il n'aurait jamais pu imaginer.
Que s'était-il réellement passé ? Elle l'avait énervé, poussé dans des retranchements qu'il n'aurait lui-même jamais pu deviner autrement. Qui était fautif, finalement ? Gregory avait usé de sa force, oui, mais pour réponse aux propos injurieux de son interlocutrice. Il avait gagné, physiquement, sauf qu'il était dérangé de ses propres gestes. Il ne possédait plus que cela en tête, tout le reste de sa tournée, tentant de masquer sa main quand il déposait les lettres dans les boîtes si jamais il y avait des habitants dans les alentours.
Aujourd'hui, et pour les jours à venir, il allait devoir vivre avec cette histoire dans l'esprit. Dans quel ennui venait-il encore de mettre les pieds... Mais cette force, cette rage enfouie tout au fond de lui, d'où lui incombait-elle ?

Et cette foutue migraine qui ne faisait qu'empirer les choses.