« Je ne veux pas te voir ! » Sa voix claqua dans l'appartement, inhabituellement froide. Je m'immobilisai et resserrai les doigts autour de la bretelle d'un sac à dos ballant. Je haïssais la fragilité de son ton et la détresse apparente qu'illustrait sa silhouette raidie. Silencieux, je m'approchai d'elle et pressai mon front à son flanc. Elle se figea puis coula les doigts dans ma chevelure brune, d'une main rassurante que démentirent les mots qui suivirent. « Ne t'approche ni de moi ni de mon fils. Notre histoire est finie depuis des années, rien ne t'autorise à bousculer nos vies. Disparais ! » Le combiné frappa le socle et sa paume s'immobilisa, tremblante, sur mon épaule. « Ne t'inquiète pas, ce n'est rien. » souffla t-elle en s'agenouillant pour m'attirer dans ses bras. Mais étais-je réellement celui qu'elle consolait ? Les yeux plissés, je nouais mes bras autour de sa nuque et la serrai aussi fort que j'en étais capable. J'aurais voulu être plus grand et plus fort pour pouvoir la protéger. Mais je n'étais qu'un gamin, tiraillé entre un instinct enfantin et une intelligence acérée. « Allons vite, nous allons être en retard. » Un sourire familier étira ses lèvres mais la tristesse éclaboussait ses yeux fuyants. Hélas pour elle, je savais ce qu'elle tentait de dissimuler. J'avais compris depuis des mois que mon père n'était pas quelqu'un de bien. Elle ne l'avait jamais clairement dit mais je l'avais lu plus d'une fois dans son regard lorsque mes questions la bousculaient. «Je peux manquer une journée d'école. » dis-je en la regardant dans les yeux. « Et rester avec toi. » Au cas où La pensée frappa mes paupières battantes, comme une mise en garde soufflée par un instinct indistinct. Ses lèvres s'étirèrent et ses doigts plongèrent dans des mèches ébènes qu'elle frotta. «Que ferais-je sans toi ? Mais c'est à moi de te protéger Su Ha … tu sais que maman est forte n'est-ce pas ? » Je hochai la tête, sans parvenir à souffler l'angoisse qui naissait dans mon estomac. Elle effleura ma joue puis la pinça avec affection. « Rha maman ! » grognai-je en frottant ma peau rougie. « Cesse de considérer ta mère comme une pauvre chose et file à l'école t'amuser. Je refuse que tu t'inquiètes. Je veux te voir sourire et être heureux, rien d'autre. Compris ? » « Oui. » opinai-je sans retenir l'hilarité qui colorait mes yeux sombres. « Alors, en route ! » s'écria t-elle avec entrain en attrapant sa veste. Je coulai les doigts dans sa paume et la suivie. Le trajet fut court et ma mère bavarde, comme à l'accoutumée. Puis la voiture s'immobilisa et j'ouvris la portière pour en bondir. « Ne t'éloigne pas de l.... » « L'entrée » la coupai-je amusé. « Je ne bougerais pas, promis. » annonçai-je en balayant l'air pour faire le salut militaire. « Fripouille. Oups, je crois que tu es en retard ! » « A tout à l'heure ! » lui lançai-je en lui tournant le dos pour courir vers la classe. « Passe une bonne journée ! » cria t-elle dans mon dos. Et sa voix s'éteignit, avalée par les bruits d'une ville éveillée. Rester avec toi. J'aurais préféré rester avec toi. Qu'aurais-je donné pour revenir en arrière et insister ? Tout.

La lumière ruisselait dans l'appartement. Elle rebondissait sur les miroirs joliment décorés, la télévision allumée et le parquet ciré. Et pourtant … une ombre indicible régnait sur les lieux familiers. Lâchant la poignée de porte que je serrais à m'en faire mal, je balayais l'espace d'un regard calme mais angoissé. Je n'avais pas obéit. Mal à l'aise et obsédé par le coup de téléphone d'un paternel inconnu, j'avais fini par faire l'école buissonnière afin de rentrer chez moi en courant. « Maman ? » Le souffle court, j'avançai d'un pas heurté. Mon cœur cognait contre mes côtes et la peur distillait son poison dans mes veines. Je fouillai chaque pièce, poussai chaque porte et ce jusqu'à la salle de bain silencieuse. L’émail blanc étincelait sous les rayons du soleil, déversés par la fenêtre entrouverte. A l'image de sa peau et des bleus qui la maculaient. Ce n'était qu'un cauchemar. Ce ne pouvait être qu'un cauchemar « Maman ? » soufflai-je dans l'espoir inconscient qu'elle ouvre les yeux et dessine un sourire, celui même qu'elle m'avait offert ce matin. Mais elle resta immobile, couchée dans la mare de sang que vomissait le cercle incarnat trouée dans son front. Mes jambes tremblèrent et le paysage se troubla, voilé par les larmes qui s'accumulaient sous mes cils figés par le choc. Le hurlement fut strident, coup de poignard dans une bouche ouverte. Il rebondit sur les murs crèmes, mais sans réveiller le corps affaissé de celle que je savais déjà partie. Pourtant, je me jetais sur elle. Je la secouais, la frappais même de mes poings recroquevillés. « Réveille toi ! » criai-je en la secouant. Le sang, froid et poisseux, collait mes mains et souillait mon âme écorchée. La douleur me ravageait et les pleurs jaillirent en une véritable fontaine sur mes joues carmines. Je m'effondrais. Je la serrais. La suppliais d'une voix qui finit par s'éteindre, submergée par un chagrin qui m'étranglait. Je n'eus aucune conscience du temps qui filait. Je savais qu'elle était morte. Je le savais à la couleur de sa peau, à son sang glacé et à l'absence des battements rassurants que jouait d'ordinaire son cœur. Aussi cessai-je d'écouter le mien. Je n'eus aucune réaction quand la voisine hurla et que la police m'arracha au corps de ma mère. Retranché au plus profond de moi même, je me laissais ballotté, le regard vide. Le néant l'avait assassiné. Les larmes ne roulaient plus et les sons n'écorchaient plus mes lèvres immobiles. Je m'étais mis sur off, pour fuir une réalité que je n'étais pas encore capable d'affronter. Elle ne rirait plus, ne me sourirait plus, ne m'aimerait plus. Elle ne serait tout simplement plus. Et j'étais incapable de l'accepter.


Ce gamin n'a que dix ans. Que va t-il devenir ? Sans doute se retrouver à l'orphelinat. Mais il a vu ? Le corps de sa mère ? Il paraît qu'on l'a retrouvé près d'elle. Elle aurait été violée avant d'être assassinée. Mon dieu … pas étonnant qu'il soit dans cet état. Pauvre gamin … comment va t-il jamais s'en remettre ? La police a une piste ? Oui … ce serait l'ex mari. Le père de l'enfant. Brisant l'immobilité à laquelle je m'astreignais depuis des semaines, une larme naquit, triste et amère. Doucement, elle se décrocha puis roula sur ma joue froide. Mais la colère y tissa sa toile, brûlant mes veines et réveillant mes muscles. Le père. Ce fut la haine qui assassina l'enfant d'hier, la rage qui secoua mon corps raide, la vengeance qui redonna vie au garçon ayant préféré s'éteindre. « Tu es réveillé ? » murmura une infirmière en s'approchant. Je vis sa silhouette du coin de l’œil mais restai inaccessible. Par choix. Enveloppé dans un silence qu'aucun médecin ne parvint à briser, je repris des forces et laissai ceux qui m'entouraient me conduire à l'orphelinat dès que je fus capable de tenir sur mes jambes. Je n'y restais qu'une nuit. Indifférant aux regards curieux et aux murmures étouffés, j'enjambais les fenêtres à la faveur de l'obscurité et m'enfuis sans un regard en arrière. Les klaxons résonnaient dans les rues mornes qu'aucune âme n'arpentait. Jusqu'à cette ruelle, où une poignée d'hommes discutaient. Je sentis le danger mais la volonté de trouver une aide fut plus forte que la peur. Mais avais-je seulement peur ? Ma mère représentait la mort, la mort représentait ma vie. Je ne tenais debout que pour arracher à mon père ce qu'il m'avait pris, dus-je tomber à mi chemin. Je jaillis sans préparation et demandai brutalement aux ombres s'ils savaient tuer. « Comment tue t-on un homme ? Comment peut-il souffrir ? » Cette nuit là, il y eut des rires, des exclamations et une envie profonde de tuer un témoin gênant. Je reçus des coups, fus la cible de moquerie. Mais je me relevais de chaque chute pour réitérer inlassablement la même question. « Ce gamin ne cille pas. » fit remarquer une silhouette en crachant la fumée d'une cigarette entamée. Jetant le mégo sur l'asphalte, il s'approcha et releva mon menton d'autorité pour plonger un regard d'acier dans celui d'un enfant déterminé. « Tu veux vraiment sa peau gamin ? »« Oui. » Mon ton tranchait. « Comment tu t'appelles ? » « Tu vas m'aider si je te le dis ? » répondis-je avec bravade. « Comment tu t'appelles ? » répéta t-il en enfonçant ses doigts dans ma mâchoire. « Su Ha. » cédai-je sans fuir l'étreinte noircie de ses yeux. « Si tu me suis ce soir … je t'apprendrais à tuer. Mais il n'y aura pas de retour en arrière possible. Tu comprends ? » « Je veux venir. » Il suffit de ces quelques mots pour voir un sourire se dessiner sur le replis dur de ses lèvres. « Bienvenu dans ta nouvelle famille Su Ha. »

Le sang souillait sa peau et une auréole pourpre se dessinait autour d'un œil à moitié fermé. Mais s'il ne souriait pas, il ne flanchait pas pour autant. Ses yeux noirs, que je fixais pour la première fois de mon existence, me transperçaient, si semblables au mien. De ton père, tu n'as pris que le meilleur. m'avait un jour confié ma mère réticente. Son physique. J'avais hérité de sa taille élancée, de son visage racé et de ce regard profond qui me détaillait sans remord. « Qu'est-ce que tu attends ? » demanda t-il posément en se redressant sur ses genoux. « Me tabasser ne fera pas revenir ta mère, finis en. » Comment aurais-je pu deviner, cinq ans plus tôt, que mon père était à la tête d'un groupuscule opposé à celui que j'avais rejoint pour avoir sa tête ? J'étais devenu un mafieux pour assassiner un mafieux. Un rictus empoisonna ma bouche crispée. J'étais devenu mon père pour venger ma mère. Quelle ironie. Le rire poignarda ma langue et explosa tout autour de moi en des milliers d'éclats. Et chacun d'entre eux se ficha dans ma peau pour l'écorcher. « Elle était ma femme, tu étais mon fils. Elle n'était pas autorisée à partir, pas plus qu'à te cacher de moi. » Le rire cessa et mourut sur une inférieure immobile. « Mais au final .. tu es devenu ce que tu aurais dû être. Ta mère n'est pas morte en ... » Le coup de feu retentit brutalement dans l'appartement et le sang gifla sur les murs. Il n'avait pas eu le temps d'écarquiller les yeux. Le front déchiré par la balle, il s'affaissa sur le sol, baigné du sang qui se répandait tout autour de lui. Mais je ne ressentis ni plaisir, ni soulagement. Le désespoir s'abattit sur mes épaules. Elle ne reviendrait pas. Le silence s'éternisa … le temps s'écoula et mon bras finit par retomber le long d'un corps immobile. « C'est finit maman. » murmurai-je. Les mots effacèrent le désespoir mais aucune émotion ne vint la remplacer. J'étais une coquille vide. Ma mère et tout ce qui me rattachait à elle venaient d'être brisés par un coup de feu. Inspirant profondément, je relevai la tête et croisai le regard de celui qui m'avait recueilli cinq ans plus tôt. « Alors ? » Une porte intérieur claqua et mon regard se durcit. « Allons nous en. » Ni plus ni moins. J'enjambais le corps de mon père et échappai à l'appartement, et à l'immeuble, luxueux dans lequel il venait de trépasser. Alors je sentis. Ce n'était pas une émotion, mais une absence. La brûlure de la rage s'était effacée.

« Dis moi Su Ha …. » La main ne fit que frôler mon épaule. Me déportant sur la droite, je saisis son poignet et le tordis brutalement. Un exclamation échappa à ses lèvres tandis que je levais calmement la tête vers lui. « Tu ne m'as pas entendu dire que je ne voulais pas être dérangé ? » « Si ... » gorgna t-il, « mais lâche moi, je venais simplement te dire pour la nouv ... » D'une pulsion, je tordis davantage un bras à la limite de la fracture. « D'accord, d'accord, je ne reviendrais plus ! » « Bouge. » lâchai-je en même temps qu'un bras qu'il récupéra pour suivre la sortie indiquée par mon menton. Oubliant l'incident, je me replongeai dans ma soudure. Le visage protégé par d'épaisses lunettes, j'achevai de placer les fils et posai mon outil. Mon mouvement fut suivit d'une frappe régulière contre la porte entrouverte. « mmh ? » soufflai-je en retirant les verres. « Tu as encore torturé Bobby ? Tu sais pourtant que ce gamin t'admire ? » « Et alors ? » « Tu pourrais … Viens, on va boire un café. » bifurqua Jin Soo en glissant les mains dans ses poches. J'attrapais ma casquette, l'enfonçai sur ma chevelure brune et le suivis dans un dédale de couloir noircie par la nuit tombée. « De nouvelles recrues sont arrivées aujourd'hui. » commença t-il calmement. « Et ? Que Bobby soit excité je peux le comprendre mais toi ? » « C'est une femme … et un canon de surcroît. » expliqua t-il en ouvrant les portes battantes donnant sur les escaliers latéraux. « Tout ce bordel pour une femme. » soufflai-je amusé en levant la tête. Mais plus que les marches grisâtres, mon attention se focalisa instinctivement sur la paire de jambe galbée qui les descendait. Je ne sus si je montais ou si elle nous rejoignait mais mon regard finit par épouser deux perles sombres, taillées dans un visage crémeux à la bouche carmine et plissée. « La nouvelle je présume ? » Mon timbre grave résonna dans la cage d'escalier, prenant par surprise la brune et l'acolyte. « Oh So Hee n'est-ce pas ? » avança Jin Soo. « Elle vient d'arriver aujourd'hui. » Un sourire fit tressaillir la commissure de mes lèvres tandis que je coulais les mains dans ma veste d'un bleu grisé. Je m'avançai et, posant le pied sur la première marche pour être à sa hauteur, lui glissai en plongeant dans ses yeux. « Aaah … les jours tranquilles viennent de s'envoler n'est-ce pas ? » Il n'y eut ni prénom, ni échange. Seul un clin d’œil ponctua une phrase qui s'éteignit alors que je grimpais l'escalier pour rejoindre le premier.

Elle s'éloigna. Je la suivis des yeux puis, impulsivement, enroulai mes doigts autour de son bras pour la retenir. Ils s'enlisèrent dans son pull léger, s'y enfoncèrent pour l'empêcher d'esquisser un pas supplémentaire. « Ne fais rien de stupide. » Les mots, graves, percèrent la nuit qui nous enveloppait. Une nuit qui ressemblait à la relation tissée entre nous. Elle était obscure, noyée d'ombre et d'incohérences. Silencieux, je la fixai intensément puis la relâchai pour la laisser filer dans la noirceur d'une vie choisie. Et elle ne fut bientôt plus qu'une silhouette trouble dans un paysage ébène. Je pris une profonde inspiration et m'éloignai à mon tour pour remplir mon propre rôle. Je jouais, manipulais, usai de mon intelligence pour me rendre indispensable. Fin et stratège, la seule réelle difficulté était de regarder So Hee jouer les énamourées aux côtés d'un chef devant lequel je devais « faussement » courber l'échine. Je vivais mal chaque œillade, chaque geste, chaque toucher. Une telle vision brûlait mes veines et exacerbai la colère d'un fauve retenu. Seul mon regard dur le traduisait de même que la courbe acérée d'une mâchoire contractée. Et la mauvaise humeur implosait généralement lorsque nous nous retrouvions dans la voiture, pendant ou après chacune de nos interventions. « Tu es en retard. » sifflai-je entre mes lèvres lorsqu'elle s'installa souplement sur le siège de cuir. Je me tournai vers elle et posai le bras sur son siège. Une émotion familière mais sans nom incendiait mes yeux noirs, ces deux opales brunes qui la fixaient. « So Hee. » Nous n'avions pas de nom. Nous n'étions que deux partenaires aux liens solides, deux êtres qui se soutenaient et s'épaulaient. Je ne savais pas même ce qu'elle représentait réellement pour moi, si ce n'est un visage qu'il me fallait voir dans mon champs de vision en permanence. Elle n'était ni mon amie, ni mon amante. Elle était entre les deux, et ce malgré le désir qui bouffait mes veines lorsque je pensais à elle. Mais je ne faisais rien. Presque rien. Impulsif, je me penchai et effleurai ses lèvres mutine. Ma langue en maquilla l'inférieur avant de s'insinuer dans sa bouche pour y effacer les traces résiduelles d'un homme méprisé. « Beau travail. » soufflai-je contre son visage avant de me redresser. Rien de plus.

Où est-elle ! Le hurlement grave, poussé quelques heures plus tôt, résonnait dans ma tête brûlante. Le corps raide et maintenu contre une chaise, je me redressai faiblement et forçai sur mes paupières lourdes. Mais le paysage que dévoila une rangée de cils humides était trouble … trouble et vide. So Hee. « Réveillé ? » La voix abrupte résonna désagréablement dans mes oreilles alors qu'une main s'insinuait dans ma chevelure pour me tirer la tête en arrière. Je ne pus qu'assassiner du regard. Mes lèvres brisées restaient closes et ma voix éteinte par ce qu'ils m'avaient injectés pour m'immobiliser ne parvenait à s'en échapper. « Tu ne seras pas coriace bien longtemps. » affirma t-il en levant une seringue immense. Je fronçai les sourcils et oubliai la souffrance qui paralysait mes muscles atrophiés. Dans un ultime effort de volonté, je bougeai, appuyant mon buste contre les cordes serrées. « Ce sera bientôt terminé. » affirma l'homme, dont la tenue ne faisait pas le médecin. Un grognement pourfendit mes lèvres et mon pied fusa, frappant mon tortionnaire à la cheville. Un cri suivit mais il était chanceux. Si la faiblesse n'écrouait pas ainsi mon corps ballant, l'os aurait cassé. « Où est … elle ? » parvins-je à articuler en une grimace. « Petit enfoiré ! » Le coup me désarçonna et la chaise tomba sur le sol, assassinant les quelques forces que j'avais réussit à générer. « Cesse de t'en faire pour elle, tu ne t'en souviendras pas dans quelques minutes. » Je n'eus pas le temps de m'appesantir sur ses paroles. Le liquide fila et l'aiguille s'enfonça dans ma gorge. L'état te condamne pour meurtre à l'amnésie et à la réinitialisation complète de ton existence. Le voile chuta et la nuit s'alourdit, noyant mes paupières d'encre.

Je me réveillai en sursaut et me redressai dans un lit double. Le cœur battant à tout rompre, je posai la main sur ma gorge et écarquillai les yeux lorsqu'ils effleurèrent la fenêtre poussiéreuse. « Qu'est-ce que ... » Rabattant les couvertures, je me levai et m'approchai des vitres. Le soleil les éclaboussait. Les mains sur le rebord, je rassemblai mes idées et tentai de me souvenir des derniers événements. La rue et l'arrestation surprise, la séparation puis cette salle truffée d'aiguilles. J'inspirai profondément et passai le pouce sur la veine palpitante dans laquelle il l'avait enfoncé. L'amnésie ? Quelle amnésie? Désarçonné, je regardais autour de moi et fouillai chaque pièce sans reconnaître aucun des objets présents. A qui était... Attrapant finalement une veste, je sortis en trombe. Mais la ville n'était pas plus Séoul que les lieux un pays. Je mis peu de temps à comprendre qu'il s'agissait d'une gigantesque prison aux habitants reformatés. Un frisson glacé parcourut ma nuque. So Hee était quelque part … mais où ? Et que savait-elle ? Abandonnant de moitié derrière moi une vie ressemblant à celle d'un orphelin à peine lâché dans la vie, je me mis en quête d'un moyen de gagner rapidement de l'argent pour retrouver So Hee sans trop éveiller les soupçons.  Et ce fut mon corps que je mis en jeu, chaque soir, dans des combats d'art martiaux à main nus. Je trimais pour faire gonfler mon compte en banque, sans compter les bleus, les cicatrices et les plaies que je recousais le soir en ne comptant que sur moi même. Il me fallut des mois pour y parvenir et trouver une personne susceptible de m'aider. Mais l'île était grande, la population nombreuse et les indices minimes. En revanche, les émotions échappaient à mon contrôle. La colère, la rage, la rancune vis à vis d'un gouvernement tyrannique et de nos vies volées pour des idéaux pour lesquels nous n'avions pas signés. L'inquiétude s'y ajoutait. Ne pas savoir me rendait fou. Je n'étais pas même certain qu'elle ait été catapultée dans cet endroit. Et si elle avait oublié ? Et si ma mémoire s'altérait ?  L'hypothèse pesa dans un esprit acéré. Aussi me mis-je à taper, en la nuançant et la transformant légèrement, ma propre histoire, celle de la mafia et de So Hee. « Je l'ai retrouvée. » Je serrais le téléphone puis raccrochai sans mot dire pour rejoindre l'homme. « Elle travaille à l'hôpital, elle est ... » Les mots se perdirent, envolés dans mon sillage. Je ne ralentis qu'en parvenant devant les portes d'un établissement exécré. Prenant sur moi, je m'avançais dans le hall en fouillant du regard les lieux clairs. Mon cœur se figea lorsque sa silhouette apparut, poursuivie par le claquement de ses talents contre le sol impeccable. Elle s'immobilisa puis souris, ce même dessin que j'avais plus d'une fois étirer ses lèvres pleines. Incapable de réagir, je me contentais de la fixer alors qu'elle s'avançait … et me dépassait. Sans me voir réellement, elle m'avait traversé pour saluer la personne dans mon dos. La douleur fut un poison. Elle avait oublié. Les mains dans les poches de ma veste, je demeurais immobile, aussi immobile que l'ombre que j'étais appelé à devenir. J'avais été son ombre hier, je le serais demain. Et l'idée me ravageait de l'intérieur. La souffrance éclaboussa mes veines, durcit mon regard, contracta ma mâchoire. Et elle se réveilla. La brûlure familière d'autrefois. La rage.

Tout juste validé, tu viens de rejoindre le groupe Memoria. Avant de pouvoir jouer avec nous n'oublie pas d'aller créer ton journal des rps, ta fiche personnage ainsi que ta fiche de lien dans l'espace réservé aux Memoria. N'oublie pas que ton personnage est un criminel. Il connait l'existence du sérum mais, contrairement aux Wasure, il se souvient de tout et se cache parmi les citoyens... Attendant le bon moment pour passer à l'action.

Les rps rapportent des points et, pour savoir à quoi ils peuvent te servir, c'est ici que tu trouveras tes réponses.
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Entre les rps, il t'est possible de te détendre sur la zone du flood ! N'hésite pas à y aller pour faire un petit bonjour, personne ne mordra !
Si tu cherches un avatar, une création graphique ou que tu es un artiste dans l'âme, le coin graphique est fait pour toi ! N'hésite pas à y faire un tour ou passer commande.

Pour toutes questions ou demandes, n'hésite surtout pas à contacter le staff qui t'aiguillera ou te répondra au plus vite et avec plaisir !

Bon jeu à toi !